L’«insectageddon» a commencé
La sixième extinction de masse est en cours, s’alarme une nouvelle étude scientifique inédite dans son ampleur, qui envisage la fin des insectes d’ici un siècle. Un déclin sans précédent depuis la disparition des dinosaures..
Faut-il s’habituer à des lendemains sans insectes? C’est en tout cas ce que suggèrent les résultats d’une vaste synthèse de 73 études, menée par Francisco Sanchez-Bayo et Kris Wyckhuys, des universités de Sydney et du Queensland, et publiée dans le numéro d’avril de la revue Biological Conservation.
«Il est évident que nous assistons à la plus grande extinction d’insectes sur Terre depuis la période du permien tardif et du crétacé. A moins de changer le mode de production de notre alimentation, les insectes vont prendre le chemin de la disparition en quelques décennies. Ce qui aura des répercussions catastrophiques pour les écosystèmes de la planète, et c’est un euphémisme.»
Il est rare d’entendre des scientifiques parler d’une façon aussi crue et affirmative. Leurs conclusions sont implacables: plus de 40% des espèces d’insectes sont menacées d’extinction, les lépidoptères (papillons), les hyménoptères (guêpes, abeilles, fourmis) et les coléoptères (coccinelles, hannetons, scarabées) étant les plus affectés.
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Le taux d’extinction des insectes est huit fois plus rapide que pour les mammifères, les oiseaux et les reptiles, leur biomasse diminuant de 2,5% par an. Ce qui signifie qu’ils pourraient disparaître d’ici un siècle. Enfin, c’est le recul de leur habitat naturel, transformé en terrains agricoles, qui est le principal facteur de ce déclin, les autres facteurs étant la pollution agrochimique, les espèces invasives et les modifications du climat. Les insectes «de niche» comme les insectes généralistes plus adaptables sont concernés. «Oubliez tout ce qui aurait dû vous causer du souci cette semaine et commencez à paniquer #insectageddon», tweete le journaliste et activiste irlandais John Gibbons.