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26 avril 2023

Enseignement privé et ségrégation scolaire L’enjeu de la diversité socio-territoriale, par Marco Oberti

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Les établissements d’enseignement privé contribuent fortement à la ségrégation scolaire, qui varie fortement d’une localité à une autre. Lutter en faveur de la mixité implique de s’adapter aux particularités locales.

L’enseignement privé est régulièrement mis en cause dans le débat sur la ségrégation scolaire. Financé à hauteur de 73% sur fonds publics pour les établissements sous contrat, il échappe à la sectorisation scolaire et plus largement à des objectifs de mixité. Ce secteur de l’éducation est donc en mesure de « choisir » ses élèves sur des critères qui mêlent des dimensions sociales, scolaires, morales et religieuses, et selon des procédures très diverses et parfois opaques.

Si de façon générale sa composition sociale diffère significativement de celle du secteur public, avec une nette sur-représentation des classes supérieures, sa position relative dans l’espace scolaire local varie selon les contextes. Le profil très favorisé et homogène d’un grand nombre d’établissements privés dans les plus grandes villes (c’est-à-dire avec une grande majorité d’élèves issus des classes supérieures et moyennes-supérieures), et tout particulièrement dans la région parisienne, se distingue de celui nettement plus mixte et relativement similaire aux autres établissements publics locaux dans certaines régions et dans des plus petites villes (c’est-à-dire avec un mélange de toutes les catégories sociales sans véritable sur-représentation de l’une d’entre elles).

Contre une vision homogène et nationale du profil des collèges publics et privés et de leur contribution respective à la ségrégation scolaire, nous proposons ici une lecture à différentes échelles territoriales, entre les unités urbaines, entre les espaces les plus ruraux et les plus urbanisés, entre les académies, entre départements au sein d’une même académie, et à une échelle encore plus locale au sein d’un même espace urbain. Cette analyse fait ressortir l’hétérogénéité des contextes. La publication des indices moyens de position sociale des collèges, enrichie récemment des écarts-types qui permettent de caractériser l’homogénéité ou l’hétérogénéité interne des établissements, nous aide à dresser un tableau plus précis de la situation aux différentes échelles indiquées précédemment. Par ailleurs, d’autres données sur le profil social des collèges permettent de compléter l’analyse par le calcul de l’indice d’entropie. Par ses propriétés de décomposition, cet indice permet de calculer sur la totalité de la ségrégation scolaire (100%), la part (le pourcentage) qui s’explique par la différence de composition sociale entre collèges publics (la ségrégation au sein du public), celle qui s’explique par la différence de composition sociale entre collèges privés (la ségrégation au sein du privé), et enfin la part qui s’explique par la différence de composition sociale entre le public et le privé.

Cette hétérogénéité constitue un obstacle à la mise en place d’une mesure nationale, par exemple celle définissant un taux de boursiers minimum, visant à impliquer davantage l’enseignement privé dans la lutte contre la ségrégation scolaire. Elle devrait conduire plutôt à une vision décentralisée des actions à mener, parfois à une échelle très locale, comme celle des bassins scolaires qui peuvent regrouper plusieurs communes dans les espaces urbains denses. Si l’urgence de celles-ci s’impose dans beaucoup de grandes agglomérations, elles n’ont pas lieu de se mettre en place ou n’apparaissent pas prioritaires dans des espaces ruraux ou des petites villes, au risque de créer des tensions et des mobilisations contre-productives à l’objectif de déségrégation. Suite de l'étude

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