Contrepoints à Marseille
À supposer que les installations de Paola Pivi à l’entrée et dans les premières salles du musée présentent un intérêt (qu’on jugerait très relatif dans un autre contexte), ce serait celui de ne rebuter personne. Ses plumes piquées sur des roues de bicyclette brassent l’air du hall avec la même légèreté que celles de ses gros ours colorés acrobatiquement disposés un peu plus loin, et qu’on n’a pas fini de voir en photo. Entre les deux, une longue mer de tissu denim tendu sur des praticables de métal invite les visiteurs de plus de huit ans et de moins de cent kilos à tenter la traversée de ce Free Land Scape (2023) – sans grand risque là non plus. C’est ensuite que le piège se referme plus ou moins brusquement sur les curieux qui pensaient peut-être jusque-là n’avoir affaire qu’à des œuvres bon enfant.
L’accrochage se révèle même, au fil du parcours, passablement retors dans sa façon de pratiquer le contrepoint. À l’ouverture suggestive du drapé de Paola Pivi répond ainsi la gaine fendue sur deux petits bouts de fesse ronds comme des testicules de la photographie que Michèle Sylvander a intitulée C’est une fille (1995), qui renvoie quant à elle au torse nu d’Ali en abaya (2007) photographié en gros plan par Youssef Nabil, chacun jouant avec ce que le vêtement féminin laisse voir des corps auxquels il n’est pas destiné ou des parties qu’il est censé dissimuler. Commencer la visite