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Vivons nos temps
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16 mars 2011

Nucléaire et irresponsabilité

"Le retrait de l’attention vigilante aussi aveugle que le consentement à tout ce qui se fait conduirait à s’abandonner à l’emprise croissante des purificateurs et des sécuritaires ». Cet avertissement est de Georges Balandier tiré de son livre Le Grand Système (Ed. Fayard 2001).

Je choisis aujourd’hui cette entrée matière pour rappeler l’initiative d’Al Gore, ex-vice-président américain et réalisateur du film « Une vérité qui dérange ».

Aujourd’hui, avec la catastrophe japonaise, j’espère que nous avons, enfin, pris conscience de vivre de plus en plus le progrès technique sous sa forme négative.

Ivan Illich s’attaquant, il y a plus de 20 ans, à ce problème en donnait une version qui le prenait à rebours : « aujourd’hui, écrivait-il, les entreprises pacifiques sont aussi destructrices que les guerres ». Exemple : l’explosion de l’usine AZF, à Toulouse le 21 septembre 2001 (j’y étais). Cette usine était destinée à promouvoir ce progrès technique « chimique » qui multiplie les rendements agricoles et éradique les mauvaises herbes pour le plus grand bien (?) du consommateur.

Pour en revenir au drame nippon, je rappellerais ici la trouvaille de la techno-structure occidento-américano, instituée par les organisations internationales, qui consiste en une innovation sémantique. Elle se nomme, en bon français, développement soutenable (sustainable development), sous entendu bien sûr pour la planète. Le peuple japonais appréciera !

C’est grâce à cette invention que les lobbies achètent des droits à polluer à ceux qui ne fonctionnent pas sur le mode de la mégamachine, et donc de pouvoir mettre en danger la vie de millions de personnes.

L’astuce en dit long sur l’idéologie du temps linéaire : potentiellement le Tiers-Monde pollue puisque situé de manière fallacieuse dans la même histoire universelle que nous, la puissance technicienne. Il polluera donc un jour. En attendant qu’il nous rejoigne, nous le payons en toute bonne conscience pour continuer à « nous » développer, c’est à dire de gaspiller l’énergie (1).

Il faut qu’il y ait un débat non seulement sur le nucléaire, mais aussi sur ce principe honteux du droit à polluer. Il faut aussi que les politiques soient beaucoup plus humbles sur les phénomènes qu’ils ne contrôlent pas, surtout en France.

 En attendant, j’éprouve pour le peuple japonais une grande tristesse, en recherchant comment je peux les assister afin qu’il puisse se relever. D’ailleurs je viens de recevoir un mail d’Hiroko que j’avais rencontré il y a quelques années pendant ses études à Montpellier. Elle est originaire de Tokyo. Nous avons tous le devoir d’apporter notre contribution à tout ce peuple !

1 « Fragilité de la puissance » ou Comment se libérer de l’emprise technologique, d’Alain Gras (Fayard 2003). Alain Gras est professeur de sociologie et d’anthropologie des techniques à la Sorbonne (Paris 1)

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