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21 février 2019

L’espace du jeu . Anne Boissière "Le mouvement à l’œuvre. Entre jeu et art"

jeu Quel espace se crée entre une œuvre musicale et son auditeur ? Au-delà des questions de spatialisation du son, l’espace acoustique conceptualisé par Anne Boissière fait une place à la dimension affective de l’écoute. Il est le lieu d’un mouvement qui est aussi une manière d’être saisi par l’œuvre.

Le mouvement à l’œuvre se présente comme un assemblage de textes entrecoupés de dessins – pour la plupart de la main de l’auteure. Cet étrange collage donne le sentiment qu’Anne Boissière, par cette œuvre, livre sa pensée sous la forme de morceaux de miroirs brisés : les éléments, apparaissant à première vue épars, trouvent peu à peu leurs liens, se réfléchissant les uns les autres au fil de rencontres et de chemins obliques. Le fil directeur ? La notion « d’espace acoustique », qu’Anne Boissière a forgée à partir de sa lecture d’Erwin Straus et présentée dans des ouvrages antérieurs [1], crée une caisse de résonnance avec le rythme chez Maldiney, le jeu chez Winnicott, la Gestaltung, ou encore les couleurs d’Aloïse Corbaz. Ainsi, Le mouvement à l’œuvre témoigne en premier lieu d’une pensée en mouvement, se formant et se transformant au gré des rencontres conceptuelles.

L’espace acoustique en mouvement

Pour prendre la mesure de ce mouvement en jeu dans l’œuvre d’A. Boissière, il nous faut partir du commencement : la notion d’« espace acoustique », que l’auteure a déjà exposée en 2014 dans Musique mouvement, procède d’une véritable rupture avec l’usage de la notion d’espace dans le champ du sonore. La dimension « spatiale » de la musique, telle qu’on la trouve dans les études musicologiques actuelles, désigne d’une part le mode de diffusion du son dans une salle de concert ; et d’autre part le processus d’écriture dans la musique occidentale, qui a connu un véritable bouleversement au cours de l’histoire de la musique savante. Alors que la notation fut longtemps considérée comme un « aide-mémoire » [2] dont le rôle était uniquement de transcrire et de transmettre œuvre musicale déjà conçue au préalable ; le processus d’écriture, en suivant le destin de la musique savante moderne, participe aujourd’hui à la création et à la conceptualisation de l’œuvre musicale. Mais cette transformation du rôle de l’écriture, qu’A. Boissière nomme le « devenir spatial » de la musique savante occidentale, implique du même coup un phénomène de rationalisation de la musique :

Le tournant spatial de la musique, tout au moins de la musique savante dont il est question ici, est ainsi à mettre au compte d’une évolution interne à la composition, qui va de pair avec un privilège accru voire désormais exclusif de la vue, et une hégémonie toujours plus importante du calcul dans la maîtrise de l’écriture.

joana Voir l'analyse de Joana Desplat-Roger, agrégée de philosophie en 2010, Joana Desplat-Roger enseigne la philosophie dans le secondaire. Elle rédige actuellement une thèse de Doctorat intitulée Le jazz comme résistance à la philosophie du XXe siècle

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