Les légendes urbaines

Daniel Tammet, dans son ouvrage « Embrasser le ciel immense », en dit ceci :

« Il existe une autre forme nuisible de ragot (vous connaissez tous ce qu’est un ragot) qu’on nomme « légendes urbaines » ou « légendes contemporaines » : ce sont des histoires d’une authenticité douteuse mais néanmoins présentées comme véridique (le raconteur insiste sur le fait que c’est arrivé à un ami d’un ami etc.).Selon le chercheur américain Jan Harold Brunvand – auteur de American legend and Their Meanings -, ces légendes constituent une forme moderne de folklore narratif. Les récits imaginaires popularisés par des conteurs ont toujours existé, depuis la nuit des temps. Comment expliquer que cette tradition perdure, alors que la plupart des gens savent lire et que les medias sont omniprésents ? Sans doute parce que ces légendes reflètent les espoirs, les peurs et les inquiétudes de notre époque ».

Comment naissent-elles ces légendes urbaines ? Pourquoi les accepte-t-on si aisément ? Peut-être qu’il est plus facile de croire ce que l’on comprend, et donc ce qui est plausible, cela évite l’effort d’approfondir l’information. Personnellement, en guise de légende, je préfère m’en tenir à celles et ceux entrés dans l’Histoire, celles et ceux qui, par leur pugnacité, leur bravoure, leur honnêteté, leur humanité ont créé la légende. Cette dernière m’emporte, non pas dans un conte narratif, mais vers un monde de possibles. Les artistes nous peignent les légendes (tel un bouquet de ferveur, tel un visage d’un enfant rayonnant de tendresse comme savait les peindre Van Dongen) non pas urbaines mais humaines, celles qui sauront nous faire vivre le réel dans une atmosphère à la fois colorée et délivrée de toute inquiétude. Alors, en cas de doute sur la véracité d’un récit, courrez vite observer des toiles ; ce « recul artistique » vous sauvegardera de l’erreur.

Illustration : Pastiche de Vermeer avec quelques anachronismes (telephoniste.free.fr/art/)