La redistribution à des fins sociales des biens confisqués aux mafias en Italie
En Italie, les mafias constituent un vaste sujet d’étude interdisciplinaire qui mérite d’être appréhendé à partir du paradigme de la complexité. La mafia est un sujet politique organisé qui s’adapte aux changements socio-économiques. Souvent décrite comme une force transnationale, la mafia exerce avant tout une souveraineté sur un territoire donné. À partir de cette « seigneurie territoriale », elle structure et reproduit un système de pouvoir et d’exploitation fondé sur la violence et l’illégalité. Elle perpétue un code culturel enraciné mais souple et jouit d’un relatif consensus social de la part de la population. L’étude du phénomène mafieux montre que la mafia se fonde sur une violence systémique « a-étatique » génératrice de pouvoirs clandestins et d’un modèle d’accumulation centré sur une économie de la prédation illégale.
L’accumulation de la richesse est une composante essentielle du système mafieux. Parce que ces capitaux illégalement acquis « contaminent » les circuits économiques légaux, l’attaque aux patrimoines illicites se révèle être un outil indispensable de toute stratégie antimafia. Ici, l’instrument qui a renversé le rapport de force entre la mafia et l’État demeure la pratique de la confiscation des patrimoines illicites, puisqu’elle affaiblit le pouvoir économique des mafias.
- Lire la suite de ce chapitre de Niccolò Mignemi et Fabrice Rizzoli.
- Voir le livre "L'organisation de la transgression. Formaliser l'informel ?" (L'Harmattan, 2014)
- Découvrir le site de Fabrice Rizzoli sur les Mafias
Photo : euroalter.com
Source : laurent-mucchielli.org