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Vivons nos temps
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8 mars 2021

Regarder l’avenir avec convoitise

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 « Mais laissez des espaces dans votre unité…/ Remplissez vos coupes l’un pour l’autre mais ne buvez pas dans une seule coupe…/ Chantez et dansez ensemble, et soyez joyeux, mais que chacun puisse être seul, / Comme sont seules les cordes d’un luth alors qu’elles vibrent ensemble d’une même musique », Khalil Gibran in Le Prophète

Tiens pourquoi je me remémore cette pensée de cet écrivain et poète inclassable né à la fin du 19ème siècle ?

Peut-être que les contraintes qui nous affectent (presque) tous me font sonner ces vers, au sein desquels Gibran nous incite à partager, à croiser nos vies, et même les unifier afin de créer ce qu’il appelait de ses vœux une humanité joyeuse.

Tout comme dans une des chansons du groupe pop des années 90 Eurythmics qui a pour titre « I saved the world today », thème qui se répète dans le refrain « Hey, hey, aujourd’hui j’ai sauvé le monde / Chacun est content maintenant / Les mauvais trucs sont partis / Les bons restent ici / S’il vous plaît, laissez-les rester ».

Le monde dans lequel nous vivons mériterait chaque jour d’être anéanti, pourtant, chaque matin, dès notre réveil, nous poussons un soupir de soulagement tout en demandant comment est-il possible que cette « civilisation » soit encore là ?

Bien sûr, l’on nous dit que ce monde est la suite d’une longue évolution, ce récit qui nous est rabâché depuis des lustres. Or, nous savons, grâce aux travaux d’anthropologues, souvent de grande érudition, tels James C. Scott, Jennifer Pournelle, Clifford Ando, V. Gordon Childe et surtout les travaux d’Annikki Herranen, et tant d’autres bien sûr) qu’il est d’autres mondes, et que ladite « évolution » n’est qu’un mythe.

Mais ce monde, celui du capital, possède une aptitude particulière à se nourrir, comme le font les parasites, de l’énergie libérée par les autres mondes. Et ces autres mondes, chaque jour, sont sauvés par un ou plusieurs gestes, de beauté, de partage, d’amour, de gratuité, voire même de compassion.

Ces éclairs de conscience que représentent ces différents gestes nous confortent dans l’idée que nous vivons dans ce monde, celui du capital, mais que nous ne sommes pas de ce monde.

Et plus est profonde cette conscience, plus ample est le partage, et plus est affaibli cet horrible monde. Et c’est pour cela que nous avons besoin plus que jamais de ceux qui nous rappellent à cette réalité – les poètes, les musiciens, les philosophes, les peintres, les dramaturges – de celles et ceux qui appartiennent à la Culture.

Il n’est pas anodin que nos dirigeants cherchent à la disqualifier (et la pandémie en est un des moyens, tout comme la baisse significative des budgets qui lui sont dédiés).

Chaque jour nous nous apercevons que notre monde se fracture un peu plus, pour laisser place à ce que l’écrivain Alessandro Baricco nomme Pandémie – ou civilisation numérique -, la nouvelle créature mythique. Cette construction collective (dans laquelle différents savoirs et de nombreuses ignorances ont contribué). Et ce dernier de rappeler, à bon escient que confondre artificiel et irréel serait une erreur stupide, car le mythe est peut-être la créature la plus réelle qui soit !

Penser revenir au monde d’avant c’est nourrir une chimère, d’autant que le réchauffement climatique en est un nouvel acteur, fort actif par ailleurs ; néanmoins, faire advenir d’autres mondes, comme le sont les territoires, les quartiers (qui sont des mondes à part entière), des espaces naturels, de biodiversités, de sauvegarder nos forêts de toute prédation, de sauvegarder le vivant comme nous y enjoignent Baptiste Morizot, Danna Haraway ou encore Vinciane Despret, restent (encore) à notre portée.

J’ai débuté cet édito avec Khalil Gibran, et je le referme avec lui, avec sa pensée, souvent optimiste : « Et que le présent embrasse le passé avec sa mémoire, et le futur avec convoitise ».

Tableau : oeuvre de l'artiste Ame Sauvage (La Rochelle)

 

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