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29 janvier 2021

La force des féminismes. "Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours"

ne nous

Cet ouvrage collectif, qui étudie les féminismes au prisme de l’intersectionnalité et du genre, rappelle le dynamisme de luttes depuis la Révolution jusqu’aux débats actuels, par exemple autour de la non-mixité et des moyens d’action.

Interroger les luttes féministes à partir de notre présent est l’ambition de l’histoire écrite par Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini Fournel. Ce bel ouvrage, dans lequel s’insèrent des fac similés en couleur et de nombreuses transcriptions de textes importants, scande le récit en quatre moments : l’émergence de combats féministes (1789-1871) ; la conquête des droits civils et politiques (1871-1944) ; le renouveau féministe centré sur la question du corps (1945-1981) ; les féminismes contemporains (1981-2020). La surprise de ce découpage vient de la volonté des auteures de poursuivre le récit jusque dans ses développements les plus récents.

Le pluriel du féminisme

Le féminisme est pluriel par ses courants (radical, modéré, laïc, chrétien, réformiste, universaliste, différentialiste, décolonial, etc.). Il l’est aussi grâce au décentrement du regard opéré par les auteures : les féminismes hors de la scène parisienne, dans les territoires d’outre-mer et les anciennes colonies. Il l’est surtout par la diversité des femmes qui ont porté ces combats.

Tout le livre peut se lire comme un hommage, dans la mesure où il égrène les portraits de celles qui sont les sujets de cette histoire, les icônes incontournables, mais aussi les figures oubliées dont il faut recouvrer la mémoire. Car l’histoire elle-même, en ne prêtant l’oreille qu’à certaines luttes au détriment d’autres, a pu participer au recouvrement des multiples dominations subies par les femmes : politique et civile, mais aussi géographique, sociale, sexuelle et raciale.

Pourtant, par-delà le pluriel revendiqué par son sous-titre, l’ouvrage est loin de creuser les divergences ou de reconduire les oppositions outrées qui servent le plus souvent à discréditer les mouvements de révolte. L’unité se fait d’abord par la négative : tous ces combats se heurtent à des réactions hostiles. Le retour de bâton antiféministe ne se fait jamais attendre : le féminisme se construit et se déconstruit face aux réactions qu’il suscite.

Mais l’unité ne doit pas être comprise de façon seulement réactive. Sans subsumer les féminismes sous une catégorie trop générale, l’unité du combat lui est conférée par celles qui s’en emparent, refusant de laisser les hommes penser et agir à leur place, prenant en charge le discours et la lutte, dans une dynamique qui est celle de l’émancipation. Jusqu’au bout, « le sujet féministe "femmes" résiste, y compris à ses propres clivages » (p. 485).

Le prisme de l’intersectionnalité

La sociohistoire a pour principe, selon les auteures, de « se placer dans une problématique inspirée des enjeux du présent en vue d’en restituer la généalogie » (p. 6). Le fil conducteur principal de l’ouvrage est celui de l’intersectionnalité. C’est la charge contre tout rapport de domination qui est mise en avant, dès l’origine des combats féministes. Le mise en relation des différents types de domination dénoncés prend d’abord la forme d’une analogie : l’esclavage des Noirs est comparé à la soumission des femmes (p. 23).

Voir l'analyse de Johanna Lenne-Cornuez, agrégée et docteure en philosophie,

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