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Vivons nos temps
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20 mai 2020

Au temps du coronavirus, où est la frontière entre fiction et réalité ? Une enquête de Reporterre

drome

Notre chroniqueuse, qui vit dans un village drômois, fut en proie à un sentiment d’incrédulité durant ce confinement. Des violences policières aux livraisons absurdes, des plages fermées à la pénurie de masques... Comment survivre à une telle dose d’absurdité ?

Lors d’une de ces réunions en visioconférence qui ont émaillé nos semaines de confiné-es, un ami syndicaliste nous faisait remarquer que la pandémie ne construisait pas de vécu commun. Cette phrase toute simple m’a semblé très juste. Selon que l’on vit en ville, dans un pavillon ou un studio, dans un quartier de banlieue ou à la campagne, selon qu’on a des enfants ou non, des ressources financières évidemment, mais aussi selon que des proches sont décédés ou non, selon son âge et ses pathologies, l’inquiétude n’est pas la même. Les conditions d’existence en période de confinement et la possibilité même de la distanciation physique non plus, de toute évidence. La présence du virus ne se vit pas avec la même acuité.

Dans un petit village aux confins de la vallée de la Drôme, la pandémie touche parfois même au phénomène de « suspension de l’incrédulité » (suspension of disbelief). Ce terme désigne l’opération mentale qui consiste à accepter, le temps d’une fiction, de désarmer son esprit rationnel pour mieux se plonger dans l’imaginaire. C’est ainsi qu’on accepte le temps d’un film ou d’un roman que des cygnes se mettent à parler, des chiens à voler ou des gouvernements à reconnaître leurs erreurs sans en questionner la véracité. C’est la joie de l’improbable, de l’absurde, de la prestidigitation.

Mais dans le réel, la suspension d’incrédulité peut vite tourner au malaise. Déjà, allant de moins en moins souvent à Paris, les images de métro ou de centres commerciaux me semblaient de plus en plus absurdes. Les files d’attente pour profiter des soldes, les polémiques sur les réseaux sociaux, les déclarations martiales et les sorties éhontées du patronat de plus en plus lunaires. Le coronavirus a renforcé ce sentiment d’incrédulité : vus d’ici, la pandémie et ses effets semblent irréels. Il faut fournir un véritable effort de suspension of disbelief tant tout cela semble incroyable.

Ici, la vie quotidienne n’a pas changé. Les tracteurs ont continué à circuler, les vignes à être cultivées et les brebis à pâturer. On a continué à pester contre les intrusions intempestives des chiens et des sangliers. On a salué le retour des hirondelles et des martinets. Les promeneurs ont continué à apparaître, avec ou sans chien, sur le chemin qui mène au col. En fin de journée, la voisine a continué à venir s’occuper de son potager et à nourrir ses poules. Des conversations se sont engagées, de fenêtre à muret.

La suite de l'enquête ici

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