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14 mai 2020

Embarqués pour aider

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Marion Fresia et Philippe Lavigne-Delville, dir.," Au cœur des mondes de l’aide internationale. Regards et postures ethnographiques"

L’aide internationale ne se réduit pas au financement du développement. À partir d’enquêtes menées auprès des populations concernées, un recueil dévoile la réalité concrète des institutions et des professionnels qui mettent en œuvre les politiques de développement dans des contextes variés.

Depuis le début des années 1980, les anthropologues ont joué un rôle important dans l’essor des études de sciences sociales consacrées à l’aide au développement. Ce que l’on nomme la « socio-anthropologie du développement » constitue aujourd’hui un courant de recherche bien établi, en France comme à l’étranger. Ses chercheurs s’intéressent tout particulièrement aux conditions sociales de mise en œuvre de l’aide internationale dans les pays à faible revenu (pays dépendants d’une assistance externe). Ils privilégient l’observation de terrain, au contact direct des acteurs locaux considérés dans leur grande diversité. Ils rejettent explicitement les jugements de valeur et les conceptions idéologiques qui saturent les institutions du développement. Ils n’hésitent pas à porter un regard critique sur les approches excessivement techniques conçues par les experts des agences internationales, le plus souvent à partir de savoirs économiques et statistiques qui valorisent des critères universels forgés dans les universités du Nord… et qui ignorent souvent les réalités complexes du terrain. Ce faisant, les anthropologues ont considérablement amélioré notre compréhension des pratiques concrètes de l’aide. Leurs travaux montrent l’importance du tissu des relations sociales et communautaires au niveau des projets et des institutions locales. Ils insistent sur le poids des codes sociaux, culturels ou professionnels propres à chaque contexte d’intervention.

Les institutions de l’aide comme terrain de l’anthropologie

L’anthropologie du développement a largement contribué à faire émerger le point de vue des populations concernées par les interventions (celles que l’on appelle les populations « bénéficiaires »). De même, elle a montré avec force le rôle-clé de tous les acteurs positionnés dans la chaîne de décision au niveau des pays, refusant de faire une hiérarchie entre les agents internationaux, les décideurs politiques, les fonctionnaires de l’État, les nombreux consultants, intermédiaires et techniciens présents dans la construction des projets, ou encore les autorités dites traditionnelles (des chefs de village jusqu’aux guides spirituels), les représentants de communautés et les ONG locales.

À cet égard, on dispose aujourd’hui de nombreuses études sur les activités des « professionnels de l’aide » positionnés à l’interface entre les interventions internationales et les espaces sociaux locaux. Ces études se concentrent sur les conditions de mise en œuvre des projets de développement, dont elles montrent le caractère contingent et bricolé, souvent éloigné des schémas rationnels élaborés par les experts des agences internationales. En revanche, nous manquons encore cruellement d’études approfondies sur les « institutions de l’aide » elles-mêmes, c’est-à-dire toutes les organisations spécialisées, publiques ou privées, qui pilotent et mettent en œuvre l’aide internationale. L’ouvrage collectif intitulé Au cœur des mondes de l’aide internationale, paru en 2018 sous la direction de deux éminents anthropologues, entend combler ce déficit de la recherche anthropologique. Il est le résultat d’un projet collectif qui s’est donné pour ambition de prendre des institutions de l’aide comme des terrains d’observation à part entière, en considérant ces dernières comme des univers complexes méritant une attention aussi soutenue que les espaces où sont mis en œuvre les projets locaux. Voir l'étude de Olivier Nay, professeur de science politique à l’Université Paris 1

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