Idir, le poète-chanteur s’en est allé
Idir, le poète-chanteur s’en est allé, nous laissant orphelins de ses hymnes à l’amour. Idir, ce poète qui a restauré la fierté d’être Berbère à tous les Kabyles dépouillé de cette dignité.
Cet artiste qui s’était donné mission de propager l’amour dans le monde entier, cette philia dont il était porteur et qu’il distribuait à grandes brassées autour de lui.
Entendre sa voix déclenche la paix en soi. On s’arrête, on écoute, et on se surprend à espérer. Espérer que cette joie, que cette mélodie qui nous porte ne connaisse point de fin.
Mais permettre aux peuples d’être réunis n’est pas du goût des journalistes qui ont mis trois jours à nous informer de la disparition d’Idir, ces journalistes qui préfèrent nous abreuver d’informations toxiques (ou plutôt de séquences d’informations car elles sont très souvent incomplètes, à dessein).
Alors merci Idir, merci de nous avoir accompagné, d’avoir ouvert une brèche dans nos coeurs desséchés par trop d’individualisme, où l’amour peut désormais circuler, oú ton souvenir ne pourra s’éteindre jamais tant qu’il y a aura des femmes et des hommes qui l’entretiendront.
« Au moment où un être disparaît, son activité est inachevée, et on pourra dire qu’elle restera inachevée tant qu’il subsistera des êtres individuels capables de réactualiser cette absence active, semence de conscience et d’action. Sur les individus vivants repose la charge de maintenir dans l’être les individus décédés dans une perpétuelle nekuia** », nous rappelle Simondon*
Il nous faut maintenant prolonger son œuvre, la générosité de ses mots, la grandeur de son âme. L’oeuvre d’Idir, ce poète-chanteur qui appartient dorénavant à toute l’humanité.
*L’individuation à la lumière des notions de formes et d’information, de Gilbert Simondon
** Voir les travaux de Carl-Gustav Jung sur la nekuia