A quoi ressemble-t-elle, cette utopie ? par Rebecca Amsellem des Glorieuses

Cette société pour laquelle nous nous battons, à laquelle nous pensons lorsque nous recevons un énième commentaire d’un énième troll, un énième coup, une énième mention dans des médias d’extrême droite. C’est la société à laquelle on pense quand on est au bout du rouleau, c’est une société plus juste.

La politologue Réjane Sénac décrit ainsi la sortie d’Adèle Haenel aux Césars, au moment de la récompense de Polanski : « Sortir c’est alors donner une voix à l’utopie comme seul réalisme
cohérent car juste » (Nouveau magazine littéraire). C’était un moment utopique. Tout comme ce qu’il s’est ensuivi.

Le hashtag #Quittonslasalle de la philosophe Camille Froidevaux-Metterie qui presse les femmes à ne plus légitimer le patriarcat en restant spectatrice de notre domination, le hashtag #JeSuisVictime partagé quelque 80 000 fois sur Twitter depuis la cérémonie, le discours parfait de Aïssa Ma¨ga, l’enquête de Nous Toutes #JaiPasDitOui, la publication du livre de Giulia Foïs, Je suis une sur deux et son intervention dans « C à Vou »s qui raconte voir « un vieux monde finissant qui
se rend compte que les choses sont inexorablement en train de changer », ou encore la tribune de Despentes dans Libé. C’est ça nos raisons d’espérer. C’est vous. Car ces actions font d’ores et déjà partie de la société utopique égalitaire pour laquelle nous nous battons car, ça y est, la honte a changé de camp. La suite de l'édito de Rebecca