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11 février 2020

«Les nazis étaient souvent lettrés et savants», par Johann Chapoutot (2)

ss Spécialiste de la période nazie, le Français Johann Chapoutot est l’une des figures phares du Festival Histoire et Cité qui commence ce mercredi 12 février 2020 à Genève. Il décrit les fondements culturels parfois sophistiqués d’un système monstrueux.

Mais comment fait-il, le docteur Wilhelm Bayer, pour ne pas ciller devant les juges? La charge est accablante: on l’accuse, lui et dix-sept collègues, de la mort de 56 enfants entre 1939 et 1945, à l’hôpital de Hambourg. Imperturbable, il explique que les victimes étaient si diminuées qu’elles n’étaient pas tout à fait des êtres humains. Et qu’au nom de la vitalité de la race, il fallait «éliminer ces vies indignes d’être vécues». Platon ou Sénèque ne pensaient pas autrement, assène-t-il encore.

Cette scène, classique, sidérante toujours, ouvre La Loi du sang, penser et agir en nazi, radioscopie magistrale de la culture hitlérienne, des normes au nom desquelles des centaines de milliers de docteurs Bayer, têtes bien faites, ont agi entre 1933 et 1945. Son auteur, Johann Chapoutot, est l’hôte de marque du Festival Histoire et Cité, qui s’ouvre ce mercredi à Genève. Le Français montre comment universitaires, médecins, savants, juristes ont épousé le nazisme, corps et âme. Certains se sont peut-être sentis embrigadés. La plupart ont communié dans une vision biologique, nationaliste et raciste du monde, en toute bonne foi.

Le docteur Bayer, qui bénéficiera en 1949 d’un non-lieu, avait le choix, suggère Johann Chapoutot, spécialiste de la culture nazie qui donnera ce jeudi une conférence sur la naissance de l’individu libre dans l’Allemagne de la fin du XIXe. Cet exposé s’inscrit dans une édition du festival consacrée à la question de la liberté, justement, celle que proclament les révoltés de la place Tahrir, celle qui anime Martin Luther King et Malcolm X dans leur lutte pour les droits civiques. A l’aube du XXe siècle, les sujets de Guillaume II prennent leur envol sur le tremplin de l’individualité, dans une angoisse inavouée qui nourrira peut-être, après le choc de 14-18, le fantasme d’une communauté sans mélange.

Le Temps: Quel est l’homme nouveau que les nazis veulent imposer ?

Johann Chapoutot: Il n’est pas nouveau, justement. Leur modèle est le Germain, archétype du courage, de la vitalité, un guerrier, mais pas un belliciste, qui évolue en parfaite harmonie avec la nature. Les nazis s’inscrivent dans un mouvement banal, qui est le retour au paradis perdu. Il faut revenir à l’archaïque, à ce Germain dont les Grecs et les Romains portent l’héritage. Et pour cela, il faut mettre fin à l’aliénation que font subir au peuple allemand le christianisme, le judaïsme, les Lumières, le communisme, tous ces courants universalistes.

La suite de l'entretien de sur le site du Temps

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