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28 novembre 2019

Hobsbawm intime. Richard J. Evans, "Eric Hobsbawm. A Life in History"

eric Grâce à de nombreux fonds privés et publics et une soixantaine de témoignages, une biographie éclaire le parcours du grand historien britannique Eric Hobsbawm (1917-2012) à travers le XXe siècle : crise du communisme, promesses du travaillisme, éclatement des empires, révolte des plus faibles.

Sir Richard J. Evans, professeur émérite d’histoire à Cambridge, est surtout connu pour ses livres sur l’histoire sociale et politique de l’Allemagne aux XIXe et XXe siècles et sa participation aux débats qui la concernent, aussi bien dans l’historiographie (Historikerstreit) que dans l’espace public (combat contre les thèses négationnistes) [1]. Il peut paraître étrange qu’après des travaux sur le féminisme en Allemagne, sur le choléra à Hambourg, une trilogie sur le Troisième Reich et une large implication dans la vie universitaire et médiatique britannique, ce soit cet historien très consacré qui ait entrepris de nous livrer une biographie « à l’anglaise » du plus célèbre historien britannique et le plus traduit dans le monde.

En outre, Eric Hobsbawm avait déjà livré sa vérité dans Interesting Times (traduit en France sous le titre Franc-Tireur) et à travers de nombreuses interventions publiques. Cette abondance de sources imprimées est à la fois un avantage et un inconvénient pour un biographe. Il doit compléter, nuancer ou ajouter, sans trop répéter ce que le héros du livre a déjà écrit lui-même. Cette rencontre au sommet témoigne à la fois de la grande admiration du cadet, né en 1947, pour l’aîné, né en 1917, et surtout du statut prestigieux de la biographie d’universitaire outre-Manche, sans équivalent en France.

Une véritable enquête

Comparée à l’autobiographie d’Hobsbawm, volontairement très distanciée à propos de l’intime, une part beaucoup plus grande de cette biographie est consacrée à la vie privée (y compris sexuelle), aux amitiés et relations sociales, aux rapports avec les étudiants et les publics. Evans entend aussi saisir quel fut exactement le rôle public d’Eric Hobsbawm dans l’histoire de son temps, notamment au moment de la crise du communisme en 1956 ou de la crise idéologique du travaillisme dans les années 1970-80. Il essaie de comprendre les origines du succès international de certains ouvrages et, surtout, relie les expériences historiques multiples qu’Hobsbawm a traversées à son évolution psychique personnelle, à son inspiration et à son imagination historique – ce que ses engagements publics ont parfois relégué dans l’ombre.

Pour réussir une telle entreprise, l’auteur dispose de multiples atouts et chances. Il a bien connu personnellement Hobsbawm, tout en gardant une certaine distance avec lui, qu’il explique ainsi : « I was too much in awe of him to become a close friend, for I knew that on almost any subject on which we might converse, he would know infinitely more than I did. » (p. IX).

Toutefois il ne cache pas d’emblée leurs divergences politiques de fond, Evans se déclarant « social-démocrate » face au communiste et marxiste (non repenti) Hobsbawm, ce qui n’empêche pas l’expression d’une profonde sympathie pour une personnalité aux dons multiples et attachante par sa sincérité et son amour de la vie et des autres.

L’enquête sur laquelle repose l’entreprise biographique est à la hauteur du sujet. Outre les archives personnelles de l’auteur de L’Invention de la tradition comportant correspondances et journaux intimes, de multiples fonds privés et publics ont été consultés, tant la vie d’Hobsbawm traverse des univers différents en Angleterre, aux États-Unis, en France, à Vienne et dans de nombreux autres pays (Italie, Inde, Brésil, notamment). Evans a également bénéficié des documents rassemblés par toute une équipe d’assistants, grâce à une Emeritus Fellowship du Leverhulme Trust. Près de 60 témoignages oraux complètent la collecte de documents. Voir la fine analyse de Christophe Charle, professeur d’histoire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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