Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vivons nos temps
Vivons nos temps
Publicité
Derniers commentaires
Vivons nos temps
Archives
Visiteurs
Depuis la création 301 054
3 septembre 2019

Algorithmes et régulation des territoires

num Uber, Waze, Airbnb… Les algorithmes qui régissent ces plateformes sont fondés sur l’optimisation du service rendu à l’usager, et non sur une norme collective, politique ou morale. Leurs mises en accusation mettent à nu la gouvernance implicite des architectures techniques.

Des journalistes en Angleterre, en Italie et en France [1] créent de faux profils de restaurants qu’ils parviennent à faire monter dans les classements de Tripadvisor à l’aide de commentaires élogieux et de bonnes notes, afin de dénoncer les calculs artificiels de réputation qui favorisent une concurrence déloyale entre les restaurants et trompent les clients. Des chercheurs dénoncent la présence de « voitures fantômes » sur l’application Uber [2], prouvant que la société de VTC simule le marché de l’offre et de la demande dont elle prétend rendre compte en tant que simple intermédiaire, de manière à maîtriser les tarifs et donner l’impression d’une offre abondante aux utilisateurs. Ces deux mises en accusation des calculs numériques sont typiques des initiatives visant à auditer et critiquer les plateformes numériques et leurs algorithmes. Elles témoignent d’une inquiétude grandissante des pouvoirs publics, des acteurs du marché ou des citoyens à l’égard de la place que tiennent ces plateformes dans nos vies quotidiennes. Avec la généralisation des équipements en téléphone mobile (4,8 milliards en 2017, dont 2,32 milliards de smartphones), les usages de services en mobilité se sont massifiés et plus aucun secteur d’activité n’est épargné par l’arrivée de nouveaux entrants qui redessinent nos manières de nous orienter, de nous déplacer et de consommer dans la ville. Ces critiques ainsi que les initiatives de régulation des institutions gouvernementales se développent donc dans un contexte qui voit ces plateformes connaître un succès massif auprès des utilisateurs et un déploiement général à l’échelle de la planète [3]. Sur le modèle de l’économie collaborative, elles se présentent comme des plateformes de mise en relation et profitent de ce positionnement pour développer des modèles d’intermédiation hyper-concurrentiels dans une logique hors sol, en ignorant le plus souvent les particularités locales en termes de droit et de régulation des marchés.

villenumerique Il est frappant de constater que beaucoup des interrogations relatives à ces nouveaux services mettent en jeu les algorithmes qui sont au cœur de leur fonctionnement. Il est souvent difficile, du fait de la fermeture du code des applications, de connaître leur fonctionnement et d’anticiper les changements réguliers effectués par les développeurs afin d’optimiser les services. Si le code informatique est une des formes de régulation des mondes numériques, le développement de services via des applications mobiles montre également le pouvoir d’agir du code dans l’espace physique. En imposant une forme abstraite et décontextualisée de calcul, il est reproché aux algorithmes d’être les agents d’une transformation des territoires et des conduites de mobilité. Aussi est-il utile d’explorer ces controverses. Qui sont les agents de ces dérégulations et au nom de quels intérêts agissent-ils ? Comment les plateformes et leurs algorithmes interagissent-ils avec les formes de régulation préexistantes ? Quels principes sont invoqués pour dénoncer les algorithmes comme source de dérégulation des territoires ?

Voir l'analyse de Dominique Cardon, sociologue au Laboratoire des usages d’Orange Labs et chercheur associé au Centre d’études des mouvements sociaux (CEMS/EHESS)

En savoir encore plus

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité