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16 mai 2019

La grève du sexe aura-t-elle lieu ? par Rebecca Amsellem, des Glorieuses

choose La vague conservatrice américaine continue de bafouer les droits fondamentaux des femmes à disposer de leurs corps. La Géorgie est le quatrième Etat cette année à rendre l’avortement illégal après six semaines. Cela s’appelle la « loi des battements de coeur ». Si un·e médecin peut déceler un battement de coeur chez le foetus, généralement à six semaines, la femme ne peut plus avorter. Cela signifie également que si elle fait une fausse couche, la police (???) peut enquêter pour vérifier qu’elle n’a pas eu recours à un avortement illégal. En pratique, cette loi ne sera pas effective avant 2020 et il y a de fortes chances qu’elle soit remise en cause d’ici là.

C’est une question de symbole.

Et c’est pour cela que l’actrice Alyssa Milano a proposé d’y répondre symboliquement. Dans un tweet, elle appelle à la grève du sexe : « Nos droits reproductifs sont en train d'être bafoués. Tant que les femmes n'auront pas le contrôle légal de leurs corps, nous ne pourrons tout simplement pas risquer une grossesse. REJOIGNEZ-MOI en ne couchant pas [avec des hommes] jusqu'à ce que nous retrouvions notre autonomie sur nos corps. J’appelle à une grève du sexe. Passez le mot ».

Les réactions ne se sont pas faites attendre. A commencer par la mienne, dans ma tête : « Encore une femme blanche qui n’a rien compris au combat féministe ». Celle de Marlène Schiappa, « Le sexe n’est pas un service que l’on rend à quelqu’un. Faire la grève du sexe c’est aussi se priver soi-même. […] Il est temps de considérer que les femmes aussi ont droit à une sexualité libre et épanouie et de cesser d’envisager la sexualité des femmes comme quelque chose qui aurait pour but d’être agréable pour... les hommes ! ». Puis de nouveau la mienne : « Hein???? Mais ce n’est absolument pas en vertu de la liberté à coucher que cette grève du sexe est problématique ! ». Et pour cause, la politologue Camille Froidevaux-Metterie souligne dans un thread Twitter que cette réaction invisibilise le fait qu'un avortement peut être le résultat d'un viol, que la contraception est du seul ressort des femmes (ce serait donc uniquement aux femmes d'agir en conséquence, hello vasectomie), ou encore que le sexe est uniquement lié aux relations hétérosexuelles.

Ce n’est pas la première fois que cette méthode de résistance non violente est évoquée par des femmes pour arriver à leurs fins. A commencer par Lysistrata, dans l’imaginaire d’Aristophane. Dans cette comédie antique, une jeune athénienne, Lysistrata propose aux femmes du Péloponnèse de faire la grève du sexe pour forcer leurs amants et leurs maris à mettre fin à une guerre qui n’en finit pas. Les femmes doivent prêter serment : « Aucun amant ni aucun époux ne pourra m’approcher. Je mènerai chez moi une vie chaste vêtue de robe légère, et parée afin d'exciter les désirs de mon époux. Jamais je ne m'y prêterai de bon gré. Et s'il me prend de force… je ne ferai rien que de mauvaise grâce et avec froideur, je n'élèverai pas mes pieds au plafond. Je ne m'accroupirai pas comme la figure de lionne qu'on met sur les manches de couteau. Puissé-je boire de ce vin, si je reste fidèle à mon serment ! Si je l'enfreins, que cette coupe se remplisse d'eau ! ». Je le rappelle, il s’agit d’une comédie. Et ça marche. En quelques mois, la guerre est finie, Lysistrata louée par toutes et tous et tout va pour le mieux dans le Péloponnèse.

La suite de ce nouveau dossier des Glorieuses

 

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