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19 février 2019

Jessica Bruder : «De plus en plus de gens dorment dans des parkings»

caravane Trop pauvres pour s’offrir un toit, en majorité seniors, les «travailleurs campeurs» sillonnent les Etats-Unis pour décrocher des petits boulots. Jessica Bruder leur rend un hommage dans un livre-enquête plein de délicatesse.

Jessica Bruder est journaliste et travaille pour de grands quotidiens américains. Elle enseigne également le journalisme à la Columbia University. Passionnée par la subculture, elle s’est immergée durant trois ans dans la communauté des seniors broyés par la crise, contraints de vivre à bord de vans devenus leur logis, entre parkings et aires de camping, à la recherche perpétuelle de petits boulots. Elle en tire un livre magnifique et sensible, Nomadland, qui dresse le portrait de cette communauté, courageuse et digne, de nouveaux migrants dans leur propre pays. Une communauté que l’Amérique semble obstinément refuser de voir.

Le Temps: Les seniors nomades que vous avez rencontrés sont tous issus de la classe moyenne. Ils ont eu des emplois stables, de belles maisons, et se retrouvent dans la misère. Que s’est-il passé?

Jessica Bruder: J’avais toujours pensé que ces gens que je croisais dans leurs camping-cars étaient des retraités en train de visiter les grands parcs nationaux. Et je pense qu’ils constituent encore la majorité. Mais, parmi cette population, il existe également de plus en plus de retraités pauvres qui ne peuvent plus accéder au logement traditionnel parce qu’ils sont criblés de dettes médicales, économiques… La misère peut frapper n’importe qui. J’ai rencontré un homme qui a été vice-président du développement chez McDonald’s avant que ses économies ne s’évaporent durant la crise de 2008. J’ai aussi croisé un homme qui a eu une exploitation agricole avant d’être ruiné par la sécheresse ainsi qu’une ancienne journaliste radio. On trouve tous les niveaux d’éducation. Ces personnes ont exercé toutes les professions, des plus prestigieuses aux plus modestes, avant de se retrouver dans une errance à cause de la crise des retraites et la flambée du marché immobilier. Face à la misère, de plus en plus de gens découvrent que les derniers lieux gratuits de l’Amérique sont les parkings.

La suite de l'interview du Temps

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