Egalité ou démocratie ?

Parce que nous voulons l'égalité

La démocratie c'est l'amour de l'égalité. Une passion qui se manifeste à la fois par un désir de reconnaissance et une haine des privilèges. Nous vivons ainsi dans l'inquiétude permanente que l'autre ait plus que nous. Pour Tocqueville, ce sentiment d'envie est si puissant que nous préférons être encore tous de liberté qu'inégaux : si l'abolition des privilèges passe par la tyrannie, alors plutôt la tyrannie pour tous qu'un régime de faveur pour certains (De la démocratie en Amérique). L'envie comme moteur social mine la démocratie de l'intérieur et menace sans cesse de bafouer ce qui pourtant la fonde : la liberté.

Parce que nous vivons en démocratie

Notre soif d'égalité n'est pas motivée par notre souci de justice sociale mais par l'envie. La réussite des autres offense notre amour-propre, et, par le biais de la fiscalité, nous souhaitant comme la punir en la taxant. Pourquoi pas moi ? est en effet le leitmotiv des démocraties, selon Nozick, une frustration sociale permanente (Anarchie, Etat et Utopie, 1974). Plutôt qu'aplanir les inégalités par l'impôt, mieux vaut renforcer l'émulation et recourir aux évaluations (au travail, à l'école, dans les stades) : chacun finira bien ainsi par trouver un domaine où il pourra exceller sans avoir à fiscaliser le talent des autres.