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Vivons nos temps
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16 avril 2013

Un plat de punaises accompagné de grillons fumés s’il vous plaît

greillons« L’homme ne connaît pas d’autre prédateur que lui-même ». Aphorisme inexact. Je ne veux pas parler de la corruption qui annihile des vies de milliers de gens, qui détruit l’économie, qui compromet la démocratie, non, l’homme a d’autres prédateurs aussi terribles, sinon plus, omniprésents et sans pitié : les insectes.

En 1902, une directive rédigée par un certain Henri Bryère, directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture de l’époque, commence par ces lignes : « Peut-il exister une engeance plus désagréable que ces multitudes d’êtres inférieurs, qui non content de souiller nos aliments, nous torturent dans nos meubles et passent à bon droit pour être les véhicules terribles et sournois des pires infections, des pires contagions, des pires destructions ? »

A l’heure actuelle, soit plus d’un siècle plus tard, la situation est bien pire. Quantité d’insectes prospèrent en grande partie par l’homme, sur l’homme et dans l’homme. Plusieurs millions d’insectes sont recensés (et plus encore à découvrir, selon les entomologistes) lui disputent l’espace terrestre et maritime de la planète. Envahisseurs de nos logis, ennemis intimes quasiment invisibles, ils nous encerclent, nous colonisent, nous mettent à contribution de mille façons, et souvent nous éliminent. Ils disposent, en outre, d’un terrible pouvoir de nuisance. Alors, finiront-ils par nous détruire ? Leur destin croise celui de l’espèce humaine depuis les origines. Leur présence sur terre est attestée depuis l’ère primaire et, pour certains d’entre eux, depuis le carbonifère, soit environ quarante millions d’années avant la naissance des premiers ancêtres de l’homme. Constat qui suggère au sociobiologiste O.M. Richards cette interrogation : « L’imperfection de l’organisation sociale humaine ne vient-elle pas en grande partie du retard de plusieurs millions d’années d’expérience que nous avons sur les insectes ? »

Alors que faire ? Puisque les insectes nuisibles à l’homme dans tous les domaines semblent indestructibles, nombreux sont ceux qui préconisent de s’en servir comme source de nourriture de très bonne qualité, et, de surcroît, succulente. En France, il y un an, à Toulouse, se créait une Micronutris ; plus récemment, à Montpellier, une autre entreprise dans le même domaine naissait. L’utilisation des insectes comme alternative alimentaire est donnée par la NASA comme pouvant jouer un rôle en cas de guerre ou de famine. Un collectif de chercheurs de l’université de Cornell (New York) a publié, il y a quelques années le texte suivant : « A aucune autre époque dans l’histoire de l’humanité, les carences alimentaires n’ont été aussi généralisées qu’aujourd’hui. On estime à un milliard et demi les individus qui, à travers le monde, souffrent de malnutrition et sont carencés en protéines. Plusieurs millions en meurent chaque année. Le problème alimentaire va devenir de plus en plus sévère à mesure que la population mondiale passera des six milliards actuels aux dix à douze milliards prévus pour l’an 2040. Les experts prévoient qu’en ce début du XXIème siècle, cette explosion démographique va être génératrice de troubles, de famines, de guerres… ».

Pour conclure, les déficiences de la production alimentaire mondiale font donc considérer sérieusement l’utilisation vulgarisée des insectes qui, par leur richesse non seulement en protéines mais également en calories et en lipides de très bonne qualité, constituent une richesse potentielle très abondante et facilement exploitable. Le professeur Alex Kamilokov, attaché au département entomologique de l’Institut des Sciences de Moscou, est plus pragmatique encore : « Les insectes nous privent chaque jour d’une partie considérable des récoltes. Au lieu de les empoisonner à l’insecticide, pourquoi ne pas les manger pour réduire cette population très abondante et souvent menaçante ? Au lieu de laisser des populations entières mourir de faim devant les récoltes dévastées, pourquoi ne pas leur apprendre à manger les « ravageurs » ? »

A table ! Ce midi, grillons farcis !

Source : Les envahisseurs invisibles, de Martin Monestier et Thierry Berrod, éditions Place des Victoires

A découvrir : Délicieux insectes, de Bruno Gamby, ce dernier est considéré comme le « pape » de l’entomologie

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