Equinoxe du printemps

Au 21 mars, quand le Soleil entre dans le signe du Bélier, il s’essaye à briller encore timidement, par à-coups successifs. C’est le temps, pour chacun d'entre nous, de permettre aux nouveaux concepts d’éclore et de se manifester, dans l’urgence souvent, dans la spontanéité toujours.

C’est le temps de créer, de libérer son énergie, d’exprimer sa subjectivité. C’est le temps de choisir entre volonté et velléité, de vivre l’ici et maintenant.

Les saisons scandent le cycle annuel comme les phases de la lune rythment le mois. Naissance, formation, maturité, déclin et renouveau, telles sont les étapes de toute vie. Les quatre «　portes de l’année　» symbolisent ces grands passages.

Equinoxe de printemps. Nuit et jour sont de même longueur. Force de jour et force de nuit de même intensité. La première des «portes de l’année» s’ouvre en une célébration des forces de vie dans bien des traditions.

Pour rendre les terrains fertiles et sains, les femmes berbères sarclent le champ vert. C’est l’heure des rites de purification. C’est à ce moment-là aussi que les potières modèlent leurs vases qu’elles ne feront cuire par le feu qu’après les moissons, que les tisserandes lavent et préparent leur laine, attendant l’automne pour accoupler les deux ensouples du métier à tisser, le ciel et la terre.

Chez les Celtes, c’est alors que l’épouse du dieu de la période sombre s’unit au dieu de la période claire pour concevoir le nouveau soleil qui naîtra au solstice d’hiver. Chez les Amérindiens, au premier jour du printemps, l’entrée du soleil dans la constellation du «saule qui ne pleure pas» donne le signal à toutes les tribus lakotas de célébrer la cérémonie de la Pipe sacrée. Elles reproduisent en ce rituel le mythe de la création de la nation Sioux, lequel s’accompagne de prières appelant le retour des oiseaux, des animaux et des plantes sur terre.

Passage de l’Intangible eu Tangible, l’équinoxe de printemps célèbre partout la naissance et la vie qui se déploie.

C’est le temps de l’innocence, de l’éveil aux choses du dedans et  du dehors. C’est le pouvoir de l’Est.

Le Petit Livre des Jours, de Laurence E. Fritsch, éditions de La table Ronde 1995

Illustration : mieux-se-connaitre.com