Fragonard, l’invention du bonheur
Paris 1761, dans le rougeoiement crépusculaire de la monarchie, une couleur nouvelle apparaît, un « jaune vie » éclatant, qui va révolutionner d’un sourire l’art pictural.
Fragonard invente le bonheur… et Sophie Chauveau, avec le talent si particulier qui est le sien, brosse avec un formidable luxe de détails, la fresque foisonnante et méconnue de ses soixante-quatorze années d’existence.
Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant (rédacteurs du Dictionnaire des Symboles, collection Bouquins/Robert Laffont, 2005), le jaune, couleur mâle, couleur lumière de vie, ne peut tendre à l’obscurcissement. Kandinsky l’a bien vu qui écrit : « le jaune a une telle tendance au clair qu’il ne peut y avoir de jaune très foncé. On peut donc dire qu’il existe une affinité profonde, physique, entre le jaune et le blanc ». Il est le véhicule de la jeunesse, de la force, de l’éternité divine. Il est la couleur des dieux : Zoroastre, selon Anquétil, signifie astre d’or brillant, libéral, astre vivant. Le Om, verbe divin des Tibétains, a pour qualificatif zéré, qui signifie doré. Vishnu est le porteur d’habits jaunes, et l’œuf cosmique de Brahma brille comme l’or.
Je viens à peine de débuter l’ouvrage, et j’en salive déjà de bonheur (tiens, suis-je déjà contaminé ?).
Fragonard, l’invention du bonheur, de Sophie Chauveau, éditions Télémaque, 2011