Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vivons nos temps
Vivons nos temps
Publicité
Derniers commentaires
Vivons nos temps
Archives
Visiteurs
Depuis la création 301 198
1 mars 2013

Ayşen Akpınar : « La femme anatolienne est à la croisée de deux cultures »

aakA l’approche de la Journée de la Femme, j’ai souhaité vous présenter une femme d’exception : Aysen Akpinar, architecte et résidant à Istanbul.

Ayşen Akpınar est professeur d’architecture et elle a dirigé un livre intitulé « La femme et l’espace ». Pour nous elle revient sur son parcours et sur la place des femmes dans la société actuelle.

Pourriez-vous nous parler brièvement de vous et de votre carrière ?

J’ai étudié à l’Université Mimar Sinan puis à l’Université Colombia, aux Etats-Unis. Je travaille aujourd’hui à l’Université de Commerce d’Istanbul (Istanbul Ticaret Üniversitesi), après avoir enseigné à Mimar Sinan. J’ai fondé et contribué à l’établissement de plusieurs nouvelles écoles d’architecture et facultés, c’est ce que je fais depuis une vingtaine d’années. J’ai été tour à tour vice-rectrice, doyenne de faculté d’architecture, chef de département d’architecture… au sein de plusieurs universités. Après avoir été diplômée de l’Université de Colombia, j’ai travaillé à New York pendant trois ans, puis je suis revenue à Istanbul, et tout en enseignant à Mimar Sinan, j’ai fait mon doctorat là-bas. En 1984 j’obtiens le statut de professeur associé, mais les postes n’étaient pas nombreux. Je suis alors partie en Arabie Saoudite et y ai travaillé pendant dix ans. Nous étions entre dix et vingt professeurs de différentes universités de Turquie à venir ici. Les Américains avaient initié la création d’universités, car avant cette époque, il n’y en avait aucune en Arabie Saoudite. C’était le tout début des réformes dans l’éducation. Nous avons ainsi commencé une Ecole de décoration d’intérieur pour les filles à l’Université de King Faisal. J’ai travaillé dix ans là-bas, puis je suis partie à Chypre Nord, où j’ai été vice-recteur d’une nouvelle université. Je suis revenue à Istanbul en tant que vice-recteur de l’Université de Beykent en 1997. J’y ai travaillé sept ans comme doyenne de la faculté d’architecture et chef de département d’architecture d’intérieure. Ensuite, l’Université de Bahçesehir a fait appel à moi pourcréer une faculté d’architecture, et je suis donc partie là-bas, j’y ai travaillé trois ans. Et depuis neuf ans je suis à l’Université de Commerce d’Istanbul.

Comment évolue la présence des femmes dans le monde du travail ?

Avant, les femmes travaillaient majoritairement dans l’éducation. Mais aujourd’hui cela change. Dans les campagnes, les femmes travaillent beaucoup dans l’agriculture. Et lorsqu’elles migrent vers les villes, elles travaillent alors dans l’industrie. Les femmes éduquées, quant à elles, ont investi les champs politique, technologique, l’architecture, les arts…

Pendant très longtemps, je n’ai pas vu de différences dans la vie professionnelle entre hommes et femmes. Mais plus j’avançais professionnellement, plus je réalisais que mes rivaux, si c’étaient des hommes, étaient ceux qui étaient favoris, même si professionnellement je pouvais être meilleure. Je suis un peu peinée par cette prise de conscience, parce que j’ai toujours pensé, quand j’étais plus jeune, que si je travaillais bien je serais récompensée, reconnue… Mais beaucoup plus tard dans ma vie j’ai réalisée que quoique je puisse faire, je pouvais perdre certaines choses simplement parce que j’étais une femme. Ce n’est pas spécifique à la Turquie, c’est dans tout le Moyen-Orient.

Sans tomber dans des généralisations, peut-on parler de traits de caractères qui seraient spécifiques aux femmes turques ? Si oui, en quoi seraient-elles différentes des femmes européennes et des femmes arabes ?

C’est une question très intéressante, je n’y ai jamais réfléchi. Je pense que chaque personne est particulière... Mais la femme anatolienne est à la croisée de deux cultures, orientale et occidentale. Et nous pouvons encore voir ça chez les femmes qui vivent ici aujourd’hui. C’est une identité mixte. Mais il y a peut être quelque chose que nous pouvons dire : elles connaissent très bien les traditions de leur pays. Elles respectent leurs traditions mais sont également ouvertes à la modernité.

A quoi aspirent aujourd’hui les femmes turques pour leur avenir ?

Je vois deux groupes de femmes : celles qui ont l’envie de se rapprocher de la femme arabe, et celles qui ont le désir de se rapprocher de l’Occident, avec des idées bien occidentales. Les deux cohabitent.

Avez-vous d’autres projets pour la suite ?

Cela fait une quarantaine d’années que je travaille dans la carrière académique, et je pense qu’il est tant que je fasse quelques changements dans ma vie. Je mène actuellement des recherches dans le champ culturel, et je rédige également mon autobiographie. J’ai eu différentes périodes dans ma vie, et je pense que ces expériences peuvent être intéressantes pour certains. De plus, je n’ai toujours pas de petits-enfants, et avec cette autobiographie, je serai sûre qu’ils pourront bien me connaître.

KADIN VE MEKÂN / LA FEMME ET L’ESPACE

Ce livre, paru chez Turkuvaz Kitap, regroupe une importante collection d’articles universitaires sur le thème de la femme et de la manière dont elle utilise l’espace. L’espace public est bien évidemment considéré, mais ce n’est pas le seul, l’ouvrage se voulant être le plus complet possible. Le rôle de la femme dans les différents espaces, la relation qu’elle entretient avec eux, les différences observables entre une utilisation « masculine » et une utilisation « féminine» de l’espace sont quelques-uns des sujets abordés. Des chercheurs turcs de différentes disciplines ont contribué, par leurs articles, à l’élaboration de ce livre, dirigé par Ayşen Akpınar, Gönül Bakay et Handan Dedehayır.

Propos recueillis par Mireille Sadège et Amandine Canistro, Le Journal francophone de la Turquie numéro 96, Mars 2013

Mireille Sadège est Rédactrice en chef et Docteur en histoire des relations internationales

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité