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11 juillet 2012

L’Amour, qu’en est-il véritablement ?

allenAllez,  c'est l'été, mon édito de ce jour sera consacré à l’amour. Mais de l’amour, qu’en savons-nous en réalité ? Quelques précisions s’imposent donc.

Le naufrage à la fois idéologique, écologique et moral du monde actuel démontre que les shémas artificiels et réducteurs imposés par l’ordre établi, tant dans les domaines de la pensée que de l’action, doivent être repensés. Qu’il y a urgence pour l’humanité à réintégrer sa partie féminine, et par là, redécouvrir les vertus de l’amour.

Amour, un mot qui engendre bien des confusions. Son usage intempestif lui confère les significations les plus diverses et parfois les plus dévoyées. On aime tout, cela va des personnes aux choses les plus variées. Il convient donc de nuancer les destinations de l’élan naturel, de la force que recèlent l’amour et l’Amour.

Le dictionnaire (Larousse) n’est pas d’un grand secours pour saisir le véritable sens du mot. La contraction de diverses éditions offre ce choix, auquel se mêlent quelques réflexions personnelles.

L’amour, du latin amor (même mot en italien), est un :

- sentiment par lequel le cœur se porte vers ce qui lui plaît fortement et en désire la possession.

C’est là, semble-t-il, qu’une déviation peut survenir, car l’amour vrai ne doit pas annexer l’objet de son élan.

- penchant dicté par les lois de la nature (exemple : la filiation, la maternité…)

- élan physique ou sentimental qui porte un être humain vers un autre.

Elan physique, il ne faudrait pas oublier que ce peut être aussi, et c’est ici le plus intéressant, un élan de l’esprit ou de l’âme.

- passion d’un sexe pour un autre,

- dévotion envers une personne, une divinité, etc.,

- passion, goût vif pour quelque chose.

Toutes ces acceptions du mot ne sont données que pour mémoire, car ce n’est pas là que l’on découvrira la clef de la recherche qui nous occupe. Aussi convient-il de l’orienter différemment.

En fait, l’amour apparaît comme la mystérieuse raison d’être d’une quête incessante, poursuivie depuis la nuit des temps, tant par les hommes que par les femmes cherchant à donner du sens à leur vie.

L’expression faire l’amour, répétée à satiété, n’est que le reflet de l’incommensurable vanité des hommes. Il semble plus juste de penser que c’est l’amour qui nous fait. Il y a, si l’on retient ce point de vue, davantage de richesse spirituelle à attendre de la quête de l’amour.

Bien que l’étymologie de chacun des mots : âme, ami, amant, aimer, aimant ne se fonde pas sur les mêmes racines, on ne peut s’empêcher de les évoquer et de les relier au mot amour en raison de leur résonnance phonétique. Il est intéressant de les examiner tour à tour :

- âme (IXème siècle) : du latin anima, signifiant souffle, air, principe de vie, principe spirituel. En français, on retrouve les mêmes significations et âme signifie aussi être vivant. Au XIIème siècle, elle signifie partie vitale d’un ensemble.

- ami (Xème siècle) : du latin amieus, signifiant lié d’amitié, d’amour.

- amant : personne qui a de l’amour pour une personne de l’autre sexe.

- aimer : un mot accolé à une infinité de choses. Tant et si bien qu’il perd sa signification profonde qui devrait être liée à la plus haute conception de l’amour. Aimer pourrait être l’activation d’un feu maîtrisé, semblable à ce feu gradué qu’évoquent les alchimistes.

Dans le passé, un amoureux déclarait sa flamme. Mais il faut surtout retenir de cette association le pouvoir purificateur attaché au feu. Trop ardent, trop passionné, il pourrait détruire l’aimé et l’aimant.

- Aimant (XIIème siècle) : sous la forme aimant du latin vulgaire adimas, adimantis, de adamas, signifiant fer dur, acier, diamant.

En français, le mot a d’abord signifié diamant.

L’amour recèle aussi un certain magnétisme qui concilie les pôles chargés de potentialités apparemment opposées, mais en fait complémentaires.

A propos du diamant, est-ce un hasard si l’idée de pureté lui est attachée ? Fait du carbone le plus pur, il est très dur, non dans le sens de l’insensibilité, mais dans celui de l’inaltérabilité lui assurant une certaine pérennité.

L’amour divin ou principiel est peut-être de la nature du diamant. Il est aussi, à peu près certainement, de la nature de l’aimant.

Le diamant est également lié à la lumière, en ce sens que ses facettes taillées l’interceptent pour manifester sa brillance. De même, l’amour est lié à la lumière en ce sens qu’il en est une expression, et peut-être la plus haute. Il est la lumière universelle qui anime la vie humaine. Une lumière qui comme celle de la Parole (ou du Verbe) ne peut être arrêtée par les ténèbres. C’est pourquoi, dans La flûte enchantée de Mozart, Tamino et Pamina triomphent de tous les pièges tendus par la Reine de la nuit.

Il semble que les cinq mots cités ci-dessus puissent ouvrir des pistes favorisant notre exploration. Mais une question demeure : l’amour est-il un concept ou un symbole ?

D’une certaine manière, on peut penser qu’il n’est ni l’un ni l’autre. Parce qu’il est du domaine d’une pure réalité. Il semble en revanche peu discutable qu’il soit de la nature du mystère.

En définitive, parler de l’Amour, comme nous venons de le faire, relève de la gageure. Seul importe réellement le fait de tenter de se mettre en capacité de le vivre en le recevant comme un don, le plus précieux qui soit et qui, à aucun titre, n’est une récompense qui nous est due.

Je laisse la conclusion à la philosophe, sociologue et écrivain Françoise Gange (Les Dieux menteurs, Avant les dieux, la Mère universelle) :

« Libérer le féminin de l’humain, c’est rendre à la femme sa dignité perdue et sa grandeur, en lui permettant de réintégrer son âme, arrachée en même temps que les ailes de l’Oiseau divin, par les Héros guerriers. Ainsi pourra-t-elle retrouver son esprit, intelligence et sensibilité réunies, afin de partager avec l’homme, son frère, l’ensemble des responsabilités qui incombent à l’être humain. Ainsi pourra-t-elle entrer en amitié avec un corps redevenu le sien, délivré des rôles basés sur la peur, le mépris et l’autodépréciation née de la démonisation patriarcale, ce qui lui permettra d’aimer sans névrose l’homme, son fils, son père, son amant ou son compagnon.

Mais c’est aussi permettre à l’homme de libérer le féminin qui l’habite. Osant, pour ce faire, refuser les rôles imposés du soudard, chef par nature, soldat « sans état d’âme » - selon une expression que notre époque affectionne de façon inquiétante – sommé de triompher en toute occasion et dans n’importe quel domaine. Ainsi pourra-t-il retrouver à son tour cette âme interdite qui, dans les textes du christianisme gnostique, incarne le féminin de l’humain, homme ou femme. Il sera alors à même de rompre avec une lourdeur qui l’écrase, et retrouvera cette légèreté et cette jouissance qui naissent de la conscience d’appartenir au grand Tout vivant, dans un rapport d’amitié fraternelle. Ainsi pourra-t-il retrouver le chemin de l’amour véritable à l’égard de la femme, sa mère, sa fille, sa sœur, son amante ou sa compagne, dans la confiance et la joie de découvrir l’autre versant de lui-même, sans crainte, ayant rejeté la perversité mortifère née de la méfiance et de la haine patiemment inculquées, depuis au moins cinq mille ans ».

Bonne quête (amoureuse) à toutes et à tous.

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