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21 juin 2012

Le Caravage au musée Fabre à Montpellier

madoneLe musée Fabre annonce sa prochaine exposition : Le Caravage. Je me souviens de l’avoir rencontré, il y a quelques années, déjà, au musée des Augustins de Toulouse. Et je vous convie vous aussi à le découvrir.

Car peu de tableaux proposent à l’historien d’art et au philosophe autant d’éléments susceptibles d’exciter leur intérêt. Le Caravage fut un peintre honni à son époque. Il essuya nombre de refus successifs pour ses tableaux romains ; on dit de lui que c’est un homme aux mœurs dissipées.

Mais il connut aussi des réussites. Son tableau « La Madone des Palefreniers » commandé par la Confrérie des Palefreniers (conservé à la galerie Borghese de Rome) à l’automne 1605, sera réalisé entre la fin 1605 et les premiers mois de 1606. Et pourtant, l’œuvre ne sera exposée que quelques jours avant d’être retirée dès le 16 avril 1606. Elle est ensuite vendue au cardinal Scipione Borghese pour 100 scudi.

Le Caravage dérange. Il dérange tant que son œuvre est censurée. Censure éclair, censure définitive. Le discrédit est jeté sur l’œuvre du Caravage. Dans l’œuvre citée, Le Caravage rompt avec les conventions de l’iconographie religieuse de son temps. Il choisit ses modèles parmi le peuple, ses violents éclairages soulignent avec réalisme leurs traits humbles, comme sur le visage de Sainte Anne figurée en vieille paysanne.

Nous ne disposons pas de témoignages précis pouvant éclairer les circonstances de cette censure, mais pour que la sanction soit si rapide et sévère, la réaction de rejet a dû être immédiate. Mais on ne peut exclure les manœuvres du neveu du pape, Scipione Borghese, pour enrichir sa collection particulière d’un nouveau Caravage, soient étrangères à ce verdict. En toute hypothèse il fallait un terrain favorable à ces intrigues. Le pape Paul V joue assurément un rôle déterminant dans cette décision, lui qui se montre favorable au parti espagnol et sensible à une religion aristocratique en opposition à l’idéologie paupériste s’inscrivant dans la lignée franciscaine.

J’espère vous avoir fait naître ici l’envie de visiter cette superbe exposition. Néanmoins, encore une chose : l’œuvre du Caravage, d’un abord facile, pose tout de même une série d’interrogations : peut-on regarder son œuvre sans culture religieuse ? Comment sa lecture peut-elle être possible aujourd’hui ? La voie du sensible permet-elle d’appréhender la métaphysique de l’œuvre du Caravage ? Des connaissances historiques, iconographiques et religieuses suffisent-elles à la compréhension de ses œuvres et à la perception de son mystère ? Peut-on exprimer une pensée métaphysique par d’autres langages que celui de la philosophie ?

En pleine période du bac, certain(e)s s’essaieront peut-être à répondre à ce difficile sujet mais non moins passionnant.

Lire la passionnante interview de Béatrice Sarrazin, conservateur du patrimoine à l’Inspection générale des musées de France (Le Monde de la Bible – Hors série – 2002)

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