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10 septembre 2019

L’amour par-delà la ligne de couleur. Martha Hodes "La femme du capitaine. Guerre, amour et race dans l’Amérique du XIXè s."

cap Grâce à la découverte d’une riche correspondance, Martha Hodes raconte l’histoire d’une Américaine ordinaire, ouvrière blanche à l’époque de la guerre de sécession. À ceci près que cette femme a épousé un capitaine de marine noir. Le genre de la biographie historique s’en trouve considérablement renouvelé.

Eunice Richardson Stone Connolly, le sujet de ce livre, est une femme blanche née en 1831 dans une ferme du Massachussetts. Elle connait des années de pauvreté comme ouvrière dans une manufacture textile puis couturière, lavandière et domestique, avant de suivre son mari, William Stone, dans le Sud à l’aube de la guerre de Sécession (1861-65). Veuve, elle épouse ensuite William Smiley Connolly, un navigateur noir originaire des Îles Caïmans, avant de mourir avec époux et enfants lors d’un ouragan qui frappe cette région en 1877. Spécialiste du XIXe siècle, l’historienne américaine Martha Hodes raconte l’histoire de cette femme dans cet ouvrage paru aux États-Unis en 2006 et traduit récemment en français. En se concentrant sur la vie d’Eunice, semblable à celle de bien des Blanches pauvres au XIXe siècle mais remarquable en raison de son mariage avec un Noir, Martha Hodes offre des pages particulièrement réussies sur l’histoire des ouvrières et leur lutte pour la survie, sur les solidarités familiales et sur les relations raciales aux États-Unis et sur l’île de Grand Cayman. Ce récit, particulièrement bien mené, apporte avec bonheur à l’approche biographique en histoire, y compris par des réflexions régulières par l’auteure sur sa démarche pour contextualiser des sources primaires parfois incomplètes.

Une histoire « vue d’en bas »

Au fil du livre, nous découvrons la vie des fermiers et des petits artisans de la Nouvelle-Angleterre, contraints à partir en ville ou dans le Sud pour améliorer leurs conditions. Ils se déplacent au fil des opportunités de travail, des problèmes divers (la crise 1857 anéantit les projets d’Eunice et de William de construire une maison) et mus par l’espoir d’une vie meilleure. Les femmes de condition modeste, et c’est là l’un des aspects les plus réussis du livre, rêvent, elles d’un mariage avantageux qui leur permettrait d’échapper à une vie difficile et parfois miséreuse. Elles sont toutefois confrontées à l’alcoolisme des hommes (cas du père d’Eunice) ou à des revenus masculins insuffisants et doivent travailler depuis chez elles ou dans les manufactures, sans garantie de revenus suffisants. Ce travail est pénible, que ce soit le tressage de chapeaux à domicile pour des sommes dérisoires, les emplois de domestiques pénibles et humiliants, ou le travail dans les manufactures qui conduit au nécessaire placement des enfants et à la vie en dortoir, où le paternalisme domine. Les Américaines s’y trouvent en concurrence avec les immigrées irlandaises, aussi mal considérées que les Noirs.

Voir l'intéressante analyse qu'en donne Hélène Le Dantec-Lowry, spécialiste de l’histoire culturelle et sociale des Noirs et des femmes aux États-Unis, professeure de civilisation américaine à l’Université Sorbonne Nouvelle

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