Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vivons nos temps
Vivons nos temps
Publicité
Derniers commentaires
Vivons nos temps
Archives
Visiteurs
Depuis la création 301 044
27 août 2019

Soft power numérique et force de frappe technologique

solange Les Etats-Unis, imités par la Chine, ont pris le leadership du contrôle numérique mondial. Ces deux pays forment un duopole en passe de créer un nouvel ordre mondial. Il est urgent de définir le cadre d’une nouvelle coopération numérique internationale, écrit Solange Ghernaouti, directrice du Swiss Cybersecurity Advisory & Research Group.

Avec le soutien du gouvernement du pays dont ils sont les ressortissants, les géants du numérique, qu’ils soient chinois ou américains, déploient leur toile planétaire dans un contexte de globalisation et de néolibéralisme où s’exprime la brutalité des rapports économiques internationaux.

Les Etats-Unis d’Amérique imposent leur vision et leur suprématie technologique à travers leur domination de l’internet et du numérique. Le paradigme de l’internet «made in USA» semble incontournable, qu’il s’agisse de service, de stockage, de données massives, de géolocalisation, etc. La Chine s’est également approprié l’internet, mais avec ses propres règles et en tirant parti de l’expérience américaine. Elle investit la planète numérique en particulier par le biais des équipements d’informatique et de télécommunication (ordinateurs, téléphones, routeurs, infrastructure de réseau, 5G, intelligence artificielle…) et de l’e-commerce. Les «nouvelles routes de la soie» se déploient dans le monde physique et dans le cybermonde avec, comme le prouve l’exportation des produits informatiques manufacturés en Chine, de nouvelles pratiques de transactions commerciales, de paiement en ligne ou de contrôle de la population. L’Europe, qui n’est pas dans une situation d’autosuffisance numérique, est dépendante du duopole américano-chinois. Elle s’est laissée déposséder de ses données, ce qui permet aux acteurs qui les maîtrisent d’avoir une avance considérable dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Le RGPD n’est d’aucune aide

Partout dans le monde, sous le couvert notamment du divertissement, de la facilité, d’une consommation numérique faussement gratuite et d’outils de socialisation, les fournisseurs de service ont su capter des données et cultiver la docilité de leurs utilisateurs. La technologie américaine s’est imposée dans toutes les sphères et secteurs d’activité publics et privés, constituant un levier de puissance considérable, levier largement soutenu et renforcé par le gouvernement, le droit et la diplomatie nord-américaine. Pour ne citer qu’un exemple, la loi Cloud Act (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act), votée en 2018, permet aux forces de l’ordre et agences de renseignement fédérales des Etats-Unis d’obtenir les données des personnes non américaines détenues dans les serveurs d’entreprises américaines (Amazon, Google, Facebook, Apple, Microsoft…) sans avoir à avertir les utilisateurs. Le pouvoir s’est octroyé la légitimité de récupérer les données dans les serveurs des géants américains du Net, même si les centres de données sont localisés en Europe ou ailleurs dans le monde. Cela sans commission rogatoire internationale, même si l’accès à ces informations peut porter atteinte à la sécurité économique, à la compétitivité des entreprises, aux intérêts ou à la sécurité nationale des pays. N’ayant pas de procédure légale d’entraide judiciaire, les Etats ne peuvent s’opposer à ce pillage de données ni refuser de les livrer. Le RGPD, règlement général de protection des données européen, entré en vigueur en mai 2018, n’est d’aucune aide. La suite de ce dossier

Photo : Solange Ghernaouti, directrice du Swiss Cybersecurity Advisory & Research Group

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité