Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vivons nos temps
Vivons nos temps
Publicité
Derniers commentaires
Vivons nos temps
Archives
Visiteurs
Depuis la création 300 813
23 juillet 2019

La peste et la chute. Kyle Harper "Comment l’empire romain s’est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome"

rome L’Empire romain s’est effondré parce que le climat s’est modifié au Ve siècle. Le refroidissement a favorisé le développement de germes et de pandémies dévastatrices, qu’on ne peut cependant comprendre sans s’intéresser à la mondialisation romaine et à la circulation des produits et des hommes.

Avec cette somme publiée à Princeton en 2017 et rapidement traduite en français, Kyle Harper, professeur à l’université d’Oklahoma, s’inscrit dans la longue tradition qui, depuis Gibbon, considère que la disparition de l’Empire romain est un problème majeur de l’histoire de l’humanité. L’originalité de sa démarche et de la chronologie retenue en font un ouvrage important non seulement pour ceux qui s’interrogent sur cette question, mais aussi pour les lecteurs qui voudraient découvrir la richesse et la complexité de l’Antiquité tardive, trop longtemps considérée comme le pendant décadent du brillant Haut-Empire romain. C’est également un livre qui permet de prendre la mesure des renouvellements historiographiques ouverts par les progrès des sciences climatiques et de la génétique. L’ouvrage s’ouvre d’ailleurs sur une remarquable préface de Benoît Rossignol, qui situe l’ouvrage dans le contexte des évolutions scientifiques et des problématiques historiographiques actuelles.

Une histoire des épidémies dans l’Empire romain

En effet, l’auteur entend ouvrir l’immense « magasin d’archives », selon la formule de Benoît Rossignol, que sont en train de constituer ces sciences. Il donne à voir une discipline historique en plein renouvellement : la possibilité de croiser les sources littéraires sur les phénomènes climatiques avec des mesures scientifiques, ou encore d’analyser le matériel génétique des germes tueurs de l’antiquité, ouvre des perspectives passionnantes qui, à n’en pas douter, connaîtront un grand développement dans les années à venir si le décloisonnement entre ces disciplines académiquement si distantes les unes des autres se poursuit. La chronologie politique, sans être ignorée, est ainsi confrontée à celle des changements climatiques qui ont affecté l’Empire romain et qui ont, entre autres effets, favorisé le développement d’épidémies dévastatrices.

De la peste antonine dans les années 160 à celle de Justinien au milieu du VIe siècle, en passant par celle dite de Cyprien, qui se produit en plein cœur de la « crise du IIIe siècle » dont la complexité est ici remarquablement présentée, l’auteur montre le poids des éléments climatiques et épidémiques dans l’histoire de l’empire romain, en évitant, la plupart du temps, mais pas toujours, d’en faire la cause unique des évolutions politiques et sociales. L’ouvrage oscille en effet entre l’exposé scientifique rigoureux, qui met en lumière l’interaction complexe entre les sociétés humaines et les éléments naturels, et une vision parfois catastrophiste qui simplifie le propos. La fin du livre, en particulier, tend à attribuer les évolutions religieuses de la fin de l’Antiquité au seul sentiment de désarroi provoqué par le petit âge glaciaire de la fin de l’Antiquité et la grande peste de Justinien. 

Voir l'analyse de Gabrielle Frija, Maîtresse de conférences en histoire de l’antiquité à l’Université Paris-Est Marne la Vallée, membre du laboratoire

gab

Analyse Comparée des Pouvoirs, ses recherches portent sur l’histoire politique et religieuse de l’Empire romain

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité