Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vivons nos temps
Vivons nos temps
Publicité
Derniers commentaires
Vivons nos temps
Archives
Visiteurs
Depuis la création 301 025
1 juillet 2019

La Saison des apparences : naissance des corps d’été, de Christophe Granger

saison Cet édito de ce jour je le consacre à l’ouvrage de Christophe Granger, paru certes en 2017, mais toujours d’une brûlante actualité. Car son essai retrace l’histoire de l’éclosion des corps d’été. Son étude permet de comprendre les enjeux sociaux et politiques, entre les artisans du droit et ceux de la morale.

William Irigoyen illustre très bien l’ouvrage que je vous présente : " Vous vous relaxez sur une plage en lisant votre magazine préféré ? Savourez bien cet instant. Votre ancêtre estival n’a pas toujours été aussi chanceux. Arborer son corps à demi-nu sur du sable ou des galets fut longtemps jugé inconcevable, l’été représentant « la saison des menaces », celle « d’une gigantesque macération microbienne », selon Christophe Granger, historien au CNRS qui nous propose cette Saison des apparences".

Vers 1870, la peur de l’été cesse « d’être une vérité scientifique ». Un mouvement de bascule s’opère. La saison devient le moment privilégié du « ressourcement des organismes ». Mais pouvoir jouir de cs bienfaits est encore réservé à une élite. Les congés payés vont détruire ce mythe. Bientôt, « le corps du riche et le corps du pauvre » se retrouveront. C’est dans l’entre-deux guerres « que jaillissent les corps d’été ». Voici venue la vogue « du pruneau humain ». Les peaux blanches comme des cachets d’aspirine se brunissent. L’été c’est le temps du repos, du sport, des destins qui s’unissent : « une inédite camaraderie entre les sexes se noue entre les jeunes hommes et les jeunes femmes nés peu avant la guerre ». La démocratie des plages ne fait pas l’unanimité. La nouvelle promiscuité inquiète. En 1924 « certains préconisent l’adoption en France d’un récent décret qui fixe à 10 centimètres l’intervalle des corps sur la plages ».

Etudier cette histoire, c’est donc aussi identifier les apôtres de la réaction qui veulent croiser le fer contre l’égalitarisme vacancier. L’indécence des peaux exhibées choque en effet la bonne conscience de l’époque. Elle serait révélatrice « d’une intention coupable, celle de heurter les publics innocents, familles, enfants, jeunes filles rentrant du cinéma paroissial ». Des maires dressent des listes de « plages immorales », tracent une « arithmétique du nu » et décrètent ce que doivent être des maillots convenables.

On ferait fausse route en concluant que la controverse autour des corps est achevée. La très récente affaire du burkini rappelle que de nouveaux épisodes à rebondissements peuvent émerger dans le vide de l’activité estivale. Adversaires de toutes les formes de libre expression de soi, rapprochez-vous. Pas trop tout de même.

La Saison des apparences : naissance des corps d’été, par Christophe Granger, chez Anamosa

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité