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31 mai 2019

La Terreur réinterprétée. Annie Jourdan "Nouvelle histoire de la Révolution française"

nouvelle Faut-il assimiler « Révolution française » et « Terreur » ? Est-il inévitable qu’un projet révolutionnaire vire à l’autoritarisme ? Annie Jourdan examine à nouveaux frais les récits classiques de la Révolution française, et propose une nouvelle interprétation de la Terreur.

Dans cet ouvrage, Annie Jourdan cherche à bousculer les conceptions classiques de la Révolution française. Elle s’attaque en particulier à l’idée commune selon laquelle « révolution » et « terreur » seraient synonymes, et à cette autre qui voudrait que tous les projets idéologiques se proposant de régénérer la société virent fatalement à l’autoritarisme en « forçant les gens à être libres » (selon les mots de Rousseau). Ces thèses, qui remontent à la Révolution elle-même, furent reprises par François Furet et ses disciples dans les années 1970 et 1980, pour finir par s’imposer comme la lecture dominante de la Révolution à la fin du XXe siècle. Aujourd’hui cependant, la plupart des spécialistes les rejettent. À l’instar de Jourdan, ils tendent à mettre la violence révolutionnaire sur le compte des émotions collectives, de la faiblesse des institutions et des circonstances, plutôt que sur celui de l’idéologie. L’interprétation « idéologique » reste néanmoins populaire auprès du grand public. Jourdan propose de lui opposer une autre lecture. Pour comprendre la violence révolutionnaire, pense-t-elle, nous devons prendre la Révolution française pour ce qu’elle était fondamentalement : une guerre civile.

Plusieurs thèses découlent de cette perspective. La première d’entre elles est que la terreur révolutionnaire française n’avait rien d’exceptionnel. Elle fit son apparition dans d’autres révolutions à la même période, y compris aux États-Unis. La terreur n’était pas non plus propre aux Jacobins et aux sans-culottes ; toutes les parties du conflit y eurent recours pendant la Révolution française. La Terreur, soutient-elle, est née des difficultés propres à la situation révolutionnaire. Dès 1789, la faiblesse de l’État permit aux récriminations et les impulsions punitives de s’intensifier jusqu’à devenir finalement incontrôlables. Ce processus de radicalisation se produisit non seulement lors des bien-connues journées révolutionnaires, mais aussi au cours des nombreuses révoltes et massacres qui consumèrent les campagnes dans ces premières années – évènements dont l’importance est souvent minimisée, voire ignorée. L’histoire que nous conte Jourdan est celle d’une politique revancharde, alimentée par une méfiance croissante et des haines ardentes. Ce processus, qui débuta entre les révolutionnaires et les contre-révolutionnaires (entre protestants et catholiques dans le Midi), en vint bientôt à envahir le camp révolutionnaire lui-même, divisant tragiquement les Jacobins dès 1791.

Voir l'analyse de Charles Walton, “reader’ et directeur du Centre d’études sur le 18e siècle à l’Université de Warwick.

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