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16 mai 2019

Les dominés de l’audit. Sébastien Stenger "Au cœur des cabinets d’audit et de conseil. De la distinction à la soumission"

dom Comment expliquer la « servitude volontaire » qui règne dans les cabinets d’audit ? Une enquête menée auprès de leurs salariés montre que la cause est à chercher dans l’esprit de compétition et le culte de l’élitisme.

Le livre de Sébastien Stenger traite de la soumission au travail des salariés des cabinets d’audit et de conseil. Ces groupes d’envergure internationale, également appelés « big four », détachent leurs salariés dans d’autres entreprises afin de fournir des services (en audit, conseil juridique, etc.). L’auteur part d’un constat paradoxal : comment expliquer que les auditeurs s’investissent autant dans leur activité quotidienne, en réalisant de longues journées, et en subissant des niveaux de pression élevés ? Sur quoi repose leur soumission à l’organisation et aux objectifs de leur entreprise ? En écho à ce questionnement, S. Stenger explique que les salariés de ces cabinets se démènent à ce point principalement en raison de la compétition qui y règne. D’un point de vue organisationnel, celle-ci est instaurée par le système « up or out », c’est-à-dire l’obligation d’être performant et de progresser dans la hiérarchie des statuts d’une année à l’autre, sous peine de devoir quitter l’entreprise. Du point de vue des individus, cette compétition est intériorisée par des processus subjectifs d’adhésion à ce système, qui se traduisent par une volonté à la fois de distinction entre les différents auditeurs et d’identification à une élite.

Une enquête ethnographique et interactionniste

Primé par le prix « Le Monde » de la recherche universitaire, le livre de S. Stenger est issu de sa thèse de doctorat. Bien qu’inscrite dans les sciences de gestion, cette thèse s’est largement appuyée sur une démarche ethnographique. L’auteur a mené une observation participante dans le cadre d’un stage de trois mois au sein du département « audit » d’un cabinet de conseil appartenant aux « big four ». Il a également réalisé plus d’une quarantaine d’entretiens avec différents profils de salariés des cabinets d’audit de la place de Paris. Parmi les nombreuses références mobilisées, on trouve l’interactionnisme symbolique qui conçoit les individus capables de s’adapter aux contraintes de leur environnement professionnel et d’élaborer des stratégies. Ce cadre théorique entre en cohérence avec l’enquête en immersion menée au plus près des interactions sociales. Cela étant, on trouve aussi nombre de références à Thorstein Veblen et Pierre Bourdieu, permettant d’éclairer les logiques symboliques de hiérarchisation et de distinction qui règnent dans cet univers.

Voir l'analyse de Gaëtan Flocco, sociologue, maître de conférences à l’Université d’Évry Paris-Saclay et au Centre Pierre Naville. Ses recherches ont porté sur les résistances et le consentement au travail des cadres des multinationales.

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