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7 mai 2019

Champs de bataille littéraires. Gisèle Sapiro "Les écrivains et la politique en France. De l’affaire Dreyfus à la guerre d'Alger

gisele Sans se limiter aux grandes figures de l’engagement, Gisèle Sapiro théorise l’évolution des relations entre pratiques littéraires et politiques au XXe siècle, en appliquant les outils de la sociologie aux études historiques et littéraires.

Directrice du Centre européen de sociologie et de science politique, Gisèle Sapiro livre dans cet ouvrage une étude large et approfondie des liens entre littérature et politique. Elle y poursuit notamment sa réflexion, développée dans un précédent essai, sur la responsabilité des écrivains dans le contexte des crises qui ont marqué le court XXe siècle, de la Première Guerre mondiale à la guerre froide. Ce nouvel ouvrage reprend une série d’articles déjà publiés – et pour partie retravaillés – dont la cohérence est assurée par l’approfondissement des théories issues de la sociologie de la culture, spécialité de Gisèle Sapiro.

Si l’approche retenue est sociologique, l’étude s’enrichit d’un dialogue avec les autres disciplines que la sociologie croise dans ce champ de recherche : l’histoire sociale et culturelle – notamment l’histoire des médias – d’une part, les études proprement littéraires, d’autre part. Cette réflexion permet à Gisèle Sapiro d’interroger de façon détaillée les liens entre les écrivains et la politique − au-delà de la question de l’engagement intellectuel défini dans un sens strict comme une prise de position dans le débat public (qui se manifeste par la signature de pétitions, la publication de tribunes ou d’œuvres clairement engagées) − et de renouveler ainsi l’approche de la question.

En dépit d’un sous-titre presque obligatoire pour ce sujet − de l’affaire Dreyfus à la guerre d’Algérie − indicateur de la période retenue, l’ouvrage ne revient pas en détail sur les épisodes les plus célèbres − et déjà largement étudiés − des engagement intellectuels. Si elles sont convoquées, les figures de Zola et de Sartre, qui demeurent associées à la mobilisation des intellectuels dans l’Affaire Dreyfus ou contre la torture dans la guerre d’Algérie, ne sont pas au centre de l’étude. C’est en effet à la question plus large des relations entre littérature et politique que cette dernière cherche à répondre − une question dont Gisèle Sapiro souligne l’acuité contemporaine. Ayant rappelé en introduction l’intérêt actuel pour les œuvres pamphlétaires d’écrivains impliqués dans la Collaboration, elle donne d’emblée à sa réflexion un caractère d’urgence qui confère à cet essai un ton engagé : le but est, au-delà de l’exploration historique, de comprendre les représentations et les visions du monde dont notre époque a hérité et que les combats politiques de l’après-guerre froide ont fait ressurgir, sur fond de montée de l’extrême droite et de la xénophobie. Cette interrogation explique aussi l’attention que l’auteur accorde, également dans un souci de rééquilibrage historique, aux écrivains engagés aux deux extrêmes, gauche et droite, et aux moments de crise républicaine, particulièrement des années 1930 et de la Seconde Guerre mondiale.

Voir l'analyse d'Elisa Capdevila, chercheuse associée au CHCSC (Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines) de l’Université Versailles 

elise

Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle enseigne l’histoire en lycée et à Sciences Po Paris.

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