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7 mai 2019

L’impouvoir d’achat Quand les dépenses sont contraintes

caisse Le mouvement des Gilets jaunes a mis en lumière que de nombreux ménages ne parvenaient pas à boucler leurs fins de mois, même avec un revenu relativement stable. Un tel constat invite à ouvrir la boîte noire du budget des ménages afin de saisir les dynamiques d’inégalité et de pauvreté.

S’il ne fallait retenir qu’un thème du mouvement des Gilets jaunes et du « grand débat national » lancé par le gouvernement en réaction, nul doute que l’expression de « pouvoir d’achat » tiendrait la corde. Nombreux sont en effet les facteurs qui pèsent sur le budget des ménages – ou plus exactement de certains ménages –, soit en rognant leurs ressources (montée du chômage, des formes d’emploi dites « atypiques » tels que contrats à durée limitée : CDD, intérim, etc. ; augmentation des emplois à temps partiel, ou encore stagnation des salaires et notamment le gel du point d’indice dans la fonction publique, hausse de la CSG,…), soit en renchérissant certains postes de consommation (hausse du prix du carburant, des loyers, des frais bancaires, de l’hébergement des personnes âgées dépendantes,…). À cela s’ajoutent d’autres évolutions sociales qui peuvent contribuer à fragiliser la situation de certains ménages en affectant leur composition (notamment les séparations conjugales, ou au contraire la nécessité d’accueillir un proche en situation difficile par exemple). Pourtant, les mesures officielles de l’INSEE indiquent une augmentation continue, quoique heurtée, du pouvoir d’achat : contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres pays, elle n’a pas été interrompue par la crise de 2008 en France (+1,3% en 2017 et +1,4% en 2018).

Pour éclaircir ce paradoxe, il faut prendre en compte un élément que l’expression de « pouvoir d’achat » tend à dissimuler, mais qui attire néanmoins de plus en plus l’attention dans le débat public : l’impossibilité de faire un usage réellement libre d’une part plus ou moins importante de son argent. Plusieurs expressions ont été forgées pour désigner ce phénomène : « dépenses contraintes », « dépenses pré-engagées », « revenu non arbitrable », « reste à vivre », voire « reste pour survivre », etc. Une telle profusion de mots est, comme souvent, le signe d’un certain embarras de la part des commentateurs pour circonscrire ce dont il est question. L’objet de cet article est d’apporter quelques éléments de clarification autour de la notion de « dépenses contraintes » et des enjeux qui la sous-tendent et de suggérer ainsi l’urgence d’intégrer pleinement cet indicateur dans la statistique et le débat publics afin de saisir certaines dynamiques de la société française contemporaine en termes d’inégalités et de pauvreté.

Voir l'analyse d'Igor Martinache, professeur agrégé de sciences économiques et sociales à l’Université de Lille 1 et membre du Ceraps

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