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2 mai 2019

Schubert et Bramhs : la puissance et la religiosité

image En ce 20 avril 2019, l’église Saint Georges de Saint Juéry, près d’Albi, a, une fois encore, vibré d’émotions. En effet, étaient réunis Schubert et Bramhs, par la grâce du trio à cordes formé par la grande pianiste Célia Quilichini, la violoncelliste Céline Bouchereau et la violoniste Olivia Steindler, ancienne élève de Sir Ménuhin.

Dès le début de l’allegro du trio n°3 de Franz Schubert, on est transporté hors du temps. L’oeuvre de Schubert est mélancolique, mais traversée d’espoir. Que véhicule cette œuvre si ce n’est l’angoisse d’être dans une vie tranquille tout en sachant que l’on est pas à sa place, qu’on est pas investi dans ce que l’on souhaite vraiment.

Mais il y a une autre lecture de l’oeuvre de Schubert. Comme nous le rappelle Georges Bataille : «  Il faut se tenir loin de l’abattement comme de l’espoir ». L’espoir est une drogue étrange dont l’effet commence avec la valeur qu’on lui accorde. De tous les poisons distillés par la conscience, il est peut-être le plus redoutable . Car le lent et méticuleux travail de la névrose et ses compromis infernaux ne sont rien sans l’espérance.

L’espoir est une forme étrange de renoncement puisqu’à nous inciter à parier sur l’avenir, il offre une porte de sortie à la situation présente en nous signifiant : demain viendra l’apaisement.

Moteur secret de nos renoncements, l’espoir est ce qui nous permet de tenir encore. Et souvent, il n’y a pas d’autre voie que de boire jusqu’à la lie ce poison plutôt que de sombrer dans l’abîme. Mais telle est la dangerosité subtile de l’espérance, nous faire croire que sans elle notre vie serait déjà perdue.

Je conclurais l’éloge de Schubert par cette pensée de Simone Weil, philosophe : « La poésie est un luxe pour les autres conditions sociales. Le peuple a besoin de poésie comme de pain. Non pas la poésie enfermée dans les mots ; celle-là, par elle-même, ne peut lui être d’aucun usage. Il a besoin que la substance quotidienne de sa vie soit elle-même poésie *».

Puis c’est au tour de Brahms d’être convoqué à cette ensorcelante soirée dédiée à la Musique. Son trio n°2 op.8, une œuvre de jeunesse, nous apporte sa fraîcheur, son émerveillement de la vie, sa quête amoureuse.

Avec Brahms, c’est le bonheur d’être simplement en vie. Et même si la vie n’est pas toujours belle, il n’est rien qui ne puisse être accompli sans succès. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. C’est certainement le plus beau message que nous a légué le jeune Bramhs.

Merci à Célia, Céline et Olivia pour cette soirée si exceptionnelle.

Je n’oublie pas les enfants et jeunes talents Leila, Timéo et Souad qui sont la jeune relève musicale de demain. Bravo à eux.

*Simone Weil, Conditions premières d’un travail non servile (1942) Paris, L’Herne, 2014

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