Interagir en ligne, oui, mais rien ne compte autant que la relation réelle
Passer du temps avec ses amis est une activité en voie de disparition. Pourtant, ceux-ci sont nos meilleurs alliés pour atteindre la félicité. La numérisation de la société n’arrange rien.
Il y a plusieurs siècles, le philosophe Epicure enseignait à ses disciples que le plus grand des bonheurs, c’est d’être bien entouré. «De toutes les formes de sagesse qui existent pour trouver le bonheur au cours d’une vie, la plus importante est l’amitié.» Le monde contemporain lui a donné raison. Une étude conduite par l’Université Harvard a ainsi démontré que rien n’affecte aussi négativement le vieillissement que le manque de relations sociales positives. A l’inverse, l’affection et l’attention que nous portent les autres décuplent nos forces et notre capacité à surmonter les obstacles.
Ce «capital social», pour reprendre l’expression de Pierre Bourdieu, est depuis un certain nombre d’années menacé. En effet, il y a plus de quarante ans déjà, l’écologiste Murray Bookchin émettait l’idée que la société moderne avait atteint «un degré d’anonymat, d’atomisation sociale et d’aliénation spirituelle qui n’avait aucun précédent dans l’histoire de l’humanité».