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5 décembre 2018

Respecter les travailleurs est un devoir, sinon le premier

respectLe Conseil constitutionnel, dans une décision du 27 juillet 1994, reconnaît que « la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme d’asservissement et de dégradation est un principe à valeur constitutionnelle ».

Si je rappelle cette valeur constitutionnelle, c’est suite à certaines déclarations de députés de la Majorité à propos du mouvement de « révolte », mouvement dénommé « Gilets jaunes » car on ne peut pas (ou plus aujourd’hui) être dans le déni de la souffrance d’autrui.

Etre en souffrance ce n’est pas être libre. Dans un Etat qui prétend défendre les libertés de chacun, il y a là une faute lourde à abandonner une partie de sa population dans le désespoir, cette population de travailleurs exposée au « dérèglement du monde » ou plutôt du nouveau monde.

Je voudrais rappeler à ces députés immatures ce texte de Karl Marx, texte issu de ses « Manuscrits économico-philosophiques » :

« D’abord, le travail est extérieur au travailleur, il n’appartient pas à son être : dans son travail, l’ouvrier ne s’affirme pas, mais se nie ; il ne se sent pas à l’aise, mais malheureux ; il n’y déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit. En conséquence, l’ouvrier se sent auprès de soi-même seulement en dehors du travail ; dans le travail, il se sent extérieur à soi-même. Il est lui-même quand il ne travaille pas et, quand il travaille, il ne se sent pas dans son propre élément. Son travail n’est pas volontaire, mais contraint, travail forcé. Il n’est donc pas la satisfaction d’un besoin, mais seulement un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail. Le caractère étranger du travail apparaît nettement dans le fait que, dès qu’il n’existe pas de contrainte physique ou autre, le travail est fui comme la peste. Le travail extériorisé, le travail dans lequel l’homme devient extérieur à lui-même, est sacrifice de soi, mortification. Enfin, l’extériorité du travail par rapport au travailleur apparaît dans le fait que le travail n’est pas le bien propre du travailleur, mais celui d’un autre, qu’il ne lui appartient pas, que dans le travail le travailleur ne s’appartient pas à lui-même, mais à un autre ».

Hartmut Rosa* insiste sur le fait que « parce qu’il devient dans la modernité capitaliste un travail salarié et un moyen d’augmenter les profits, le travail perd, selon Marx, cette qualité de résonance à tous les niveaux relationnels. Du fait que les travailleurs ne peuvent ni contrôler, ni organiser, ni déterminer, ni même souvent embrasser du regard le processus de travail et les objectifs de production – même quand cela semble le cas, ce sont encore les exigences de rendement et de concurrence qui dominent -, et parce que le produit de leur travail ne leur appartient pas, leurs relations au dit produit, au travail en tant que tel, aux autres, à la nature et à eux-mêmes leur restent extérieures et détachées. Ils font alors, dans toutes ces dimensions, l’expérience d’une « aliénation » telle que les choses finissent par leur paraître étrangères, voire hostiles, et qu’ils s’éprouvent eux-mêmes comme de simples rouages dans le processus de production. Les travailleurs sont contraints de se transformer eux-mêmes, c’est-à-dire leur « être », en moyen et instrument de leur existence ».

Alors, Messieurs les Députés de la Majorité, un peu de décence pour toutes ces personnes qui vous font non seulement vivre, mais aussi exister !

*Résonance, d'Hartmut Rosa (dont j'ai déjà parlé ici)

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