Pour une conception neutre de la Gestation Pour Autrui
La GPA est généralement comprise en France comme une transaction commerciale moralement condamnable, parce qu’on considère qu’on achète le corps d’une femme. Mais est-ce bien le cas ? Quelles raisons avons-nous de rejeter un acte librement consenti ?
"...Dans nos démocraties, il y a des actions que nous jugeons, de manière unanime, comme immorales : celles qui visent à causer délibérément du tort à autrui (tuer, humilier, empoisonner, etc.). De telles actions causent des victimes, c’est-à-dire des personnes qui ont subi des dommages (physiques et/ou psychiques) contre leur gré [1]. Mais il y a aussi des actions qui, prises en elles-mêmes, sont neutres ou amorales : lancer, marcher, etc. Sauf à considérer certaines intentions qui les animent ou des contextes particuliers (lancer un nain [2] dans une boîte de nuit, marcher sur les fleurs du voisin), de telles conduites ne sont ni des biens, ni des maux. Il y a enfin des actions qu’on reconnaît comme louables moralement : aider son prochain, avoir de l’empathie, etc. Participer à une Gestation Pour Autrui (GPA) semble appartenir au premier type d’action tant les descriptions qu’on en fait en France sont négatives : une GPA consisterait à louer ou acheter le corps (ou l’utérus) d’une femme, à organiser médicalement et légalement son aliénation ou son esclavage, à commercialiser un enfant, etc. Autant de définitions argumentatives qui font d’emblée de la GPA un crime moral et juridique..." Voir l'analyse de Guillaume Durand, maître de conférences en philosophie à l’Université de Nantes