Le bonheur est-il accessible ?

Avez-vous remarqué que le bonheur est, de nos jours, très tendance ? C'est ce que chacun d'entre nous recherche. Et on n'arrête pas de nous le seriner : soyons heureux ! Dans les publicités, les livres, notamment ceux qui traitent du développement personnel (très gros marché), dans les films ! Et cette injonction culpabilisante nous rend, au contraire, malheureux puisque l'on a l'impression de n'être jamais au niveau du bonheur auquel nous devrions prétendre.

Il nous faut prendre garde cependant, car derrière ces philosophies de la joie se cachent des métaphysiques de la tristesse, du désespoir, du renoncement, et cela au nom de la glorification de la vie, comme le dénonce Roland Gori.

On peut penser comme les stoïciens, de faire en sorte que l'ordre de nos désirs soit conforme à l'ordre du monde pour ne pas souffrir de la déception de nos attentes et des projections de nos désirs. Puisque le bonheur est avant tout affaire de projection.

Pour nombre d'entre nous, le plus souvent les femmes, être heureux veut dire être comblé(e) par le sentiment d'aimer et d'être aimé(e). Est-ce là une forme de plénitude , mais l'amour apporte autant de tourments que de joie(s). Ne jamais omettre que la notion de bonheur est liée au désir. Etre heureux sous-entendrait donc la réalisation de nos désirs, qui eux dépendent de nos représentations que l'on s'en fait. C'est la raison pour laquelle le bonheur est impossible.

Si j'obtiens ce que je crois désirer, je suis comblé, mais suis-je heureux pour autant ? Certainement pas ! Si je suis satisfait, je suis face à mon plus terrible ennemi, le plus répandu de nos maux. Celui qui nous pousse à tous les vices : l'ennui, et sa copine, l'angoisse.

L'ennui fait partie des grandes questions philosophiques, tout comme le suicide qui en est sa conséquence radicale.

Alors, le bonheur est-il accessible ? Peut-être, à la condition d'adopter la philosophie, la mêler à son quotidien, car la philosophie veut dire, étymologiquement, l'amour de la sagesse. Donc, philosopher, c'est aimer. Et donc, pour savoir ce qu'est la philosophie, il faut donc savoir ce qu'est aimer, car cette dernière permet de se découvrir, de voir ce qui se cache derrière les apparences.

Rencontrer le bonheur c'est donc savoir aimer. Alors, chaque jour, développons notre quête amoureuse, à savoir ce que l'on va aimer. Peut-être la clef du coffre à bonheurs se trouve-t-elle là !