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Vivons nos temps
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1 septembre 2015

Retro-viseur par Tiphaine BEAUMONT

selfieLa photographie en mode selfie, portable au bout d’une perche, a pour but premier de dire « j’y étais »et de le prouver sur tous les réseaux sociaux : j’étais devant la Tour Eiffel ou le Pont des Soupirs, j’étais à côté du président ou du ministre, j’étais proche de X, Z ou Y. La proximité d’une célébrité me donne une illusion de célébrité et je fais savoir aux autres que, faisant partie du sérail, moi aussi je suis une star. Société de l’image, sortir de l’incognito.

OK, ça c’est le but social qui permet aux ego chancelants de se faire valoir grâce à la notoriété pleine de valeur de quelqu’un ou quelque chose d’autre. Mais, pensons aux effets induits :

Quel est l’effet psychologique d’une projection de soi dans l’avenir sur le mode passé ? En appuyant sur le bouton de la perche ou l’icône du phone (présent), je pense à plus tard (futur) quand je pourrai prouver que j’y étais (passé). Cette technique de confusion, connue en hypnose sous le terme de « pseudo-orientation temporelle », appliquée en organisation sous la dénomination de retro-planning, a ponctuellement des avantages. Mais, qu’en est-il lorsqu’elle devient un mode habituel de se situer dans le monde ? Où est le présent ? Que devient le concept d’événement ? Comment aider nos clients à re-trouver des repères temporels ?

Comment concilier la conduite de projet et la contemplation du monde dans un rétro-viseur ? Autre paradoxe du mode selfie : ce que je regarde en face se situe derrière moi. Alors quand j’entends « allez les gars, mobilisez-vous, on y va ! », que dois-je faire, un pas en avant ou un pas en arrière ? Il est où le projet ? Agir dans le monde par l’intermédiaire d’un miroir est particulièrement inhibant, les gestes sont inversés. Tous les clients de Médiat-Coaching qui ont fait l’expérience de l’Etoile Stupéfiante pourront vous en parler ! Et puis, avancer en se concentrant sur un rétro-viseur, c’est pas gagné. Comment aider nos clients à remettre leurs projets en face d’eux ?

Enfin, last but not least : qui est au centre de la contemplation en mode selfie ? Moi, moi, moi. Quand je regarde le monde, c’est moi que je regarde Je fais des mines : faire venir un sourire, pencher la tête, lisser une mèche. Est-ce que je ressemble suffisamment à ce que je veux que l’on voie de moi ? Comment aider nos clients à :
- Retrouver leur sens de l’initiative personnelle : agir au lieu de regarder ?
- Se souvenir que la production de soi passe par la rencontre/confrontation avec autrui ?

On ne peut pas se produire tout seul. Le fantasme de l’auto-engendrement est une dérive potentiellement dangereuse. Pour laisser son commentaire, c'est ici

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