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Vivons nos temps
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30 janvier 2015

Quand on ne vit plus ensemble, on risque de mourir ensemble

ernerContre le terrorisme il faut mobiliser les forces de police, mais aussi les forces de l'esprit. Pourquoi notre société produit-elle des Kouachi ? S'il n'y an qu'un, ce pourrait être une pathologie. Mais il y en a de plus en plus, c'est donc une réalité sociale. Et le journaliste, comme le sociologue, doit comprendre ces trajectoires individuelles. Comprendre ne signifie pas excuser. En sociologie, on distingue les causes des raisons. Les causes s'imposent aux individus sans qu'ils y puissent rien, tandis qu'ils choisissent leurs raisons. Dans leur discours revient une conception approximative de l'islam, un tiers-mondisme sommaire et un antisémitisme qui consolide le tout. Cette idélogie a permit à ces futurs assassins de reconstruire leur « selfesteem ». Ils pensaient vivre dans un ghetto, ils trouvaient enfin un rôle à leur mesure. Pourquoi ont-ils adopté cette représentation du monde ? La réponse n'est pas aisée. Notre société, en général, les journalistes en particulier, ne savent plus ce qu'est le fanatisme. Demander à BFMTV d'analyser une idéologie, c'est comme engager à Hannah Arendt pour commenter un match de football. Voilà pourquoi, encore une fois, on a entendu ces tueurs qualifiés de « forcenés ». Les taxer de fous permet de faire l'économie de l'analyse, mais c'est aussi le plus sûr moyen de les voir se multiplier. Comme s'ils appartenaient à un autre monde, parallèle au nôtre. Et c'est cela la première cause de la tragédie , notre sociétés est faite de mondes qui se côtoient mais ne se connaissent plus. Et quand on ne vit plus ensemble, quand on ne peut plus rire ensemble, on risque de mourir ensemble.

Guillaume Erner, sociologue et journaliste

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