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Vivons nos temps
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6 août 2014

Un jour, on habitera dans du textile

tgvFini brique et béton ! Il faut construire moins lourd, plus aérien, avec d’autres matières. L’architecte belge Philippe Samyn évoque la ville et l’habitat d’après-demain : aimable et apaisé, tourné vers les cinq sens et, surtout, recyclable.

Philippe Samyn, 65 ans, citoyen belge, nœud papillon impeccable, est architecte et ingénieur, à moins que cela ne soit l’inverse. Dès que ses explications entrent dans le dur, cet homme de précisions prend un papier, un crayon, trace des courbes, des hyperboles, des ellipses dont les croisements dévoilent, il l’assure, ce point idéal où se rencontrent l’alpha et l’omega de l’architecture de demain : la résistance et la légèreté. « Mon pari, mon engagement, c’est d’utiliser la matière avec une avarice extrême et une préoccupation constante de sa recyclabilité », insiste-t-il d’emblée. Ainsi, moins de transports, de nuisances, moins de gâchis. Pour théoriser cet objectif, l’ingénieur en lui a travaillé dix ans. Dix ans à mettre au point ce qu’il appelle « l’indicateur de volume », un rapport géométrique entre la portée d’une construction et sa hauteur. Appliquée à n’importe quelle structure, cette fonction mathématique permet de définir la forme nécessitant le minimum de matière.

Pas simple à expliquer en quelques mots et traits (sa thèse sur le sujet fait cinq cent pages !), la formule, est, paraît-il, imparable. Sur le concours de la gare TGV de Louvain (Belgique), sa réponse, assez similaire à celles de ses concurrents – une succession d’arches au-dessus des voies –a largement emporté l’enthousiasme du jury car elle pesait en trois et dix fois moins lourd, et coûtait, par là même, forcément moins cher. Sans rien lâcher, au contraire, sur l’esthétique : sa fine canopée tendue comme un vol de parapentes dans les courants ascendants est d’une rare élégance.

A voir, à lire : Réenchanter le monde, une exposition à la Cité de l’architecture de Paris (Cité Chaillot), jusqu’au 06 octobre ; et un ouvrage recensant les réflexions d’une trentaine d’architectes lauréats du Global Award for Sustainable Architecture (dont Philippe Samyn), éditions Alternatives, collection Manifestô.

Photo : gare TGV de Louvain

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