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10 octobre 2013

Nos devoirs envers les animaux par Boris Cyrulnik*

cyLes découvertes appellent à une prise en compte de la condition animale.

Pendant longtemps, la culture dominante a nié l’existence d’une animalité chez l’homme et considéré les bêtes comme des machines. Lorsque l’éthologie, née dans les années 30, a proposé d’étudier l’homme et l’animal dans leur milieu naturel, il s’est avéré que le monde des animaux pouvait nous permettre de mieux appréhender la psychologie et les origines biologiques et comportementales des hommes. Ce ne fut pas là la seule découverte importante : en nous posant des problèmes humains, les animaux nous ont aussi montré combien ils étaient étonnants. Si l’éthologie a révolutionné n os origines, elle a aussi bouleversé notre manière de regarder et de considérer les animaux. Et c’est justement pourquoi ils nous amènent aujourd’hui à nous poser la question de nos devoirs envers eux, de leur statut et de leurs droits. Plus on cherche à découvrir l’Autre, homme ou animal, plus on le considère.

Hier, la psychologie expérimentale obligeait les bêtes à résoudre des problèmes humains. Aujourd’hui, la nouvelle éthologie propose, de manière inventive, de redécouvrir les animaux, non plus uniquement comme modèles de l’homme, mais comme des individus aux personnalités et aux développements différents. Elle les questionne différemment et les réponses que les bêtes nous donnent sont troublantes.

Tout récemment, les chercheurs ont découvert que les poissons étaient capables de souffrir, que les relations sociales des moutons étaient complexes et bâties autour de l’attachement et de la bonne entente, que le porc possède, lui aussi, une vie émotive riche et des capacités cognitives très développées et, selon les situations, égales ou supérieures au chien et aux grands singes.

La dimension individuelle et subjective des animaux est une approche qui se développe de plus en plus. Les recherches portent à présent sur leur capacité à mémoriser à se représenter le passé et le futur, sur leur créativité. On est bien loin de l’animal machine d’autrefois. Ce constat et ces orientations pertinentes vont par conséquent nous entraîner à développer de nouveaux concepts de la pensée, d’autres définitions et, forcément, d’autres relations et comportements avec les animaux.

Toutes ces découvertes scientifiques intègrent déjà la culture, transforment nos mentalités et appellent à une prise en compte des intérêts des animaux.

C’est un fait : la société évolue en faveur de la condition animale. Notre propre empathie, c'est-à-dire l’aptitude à se représenter les émotions des autres et à s’en préoccuper, un élément fondamental de l’évolution, va désormais se heurter de plus en plus au fait de maltraiter les animaux comme nous le faisons encore.

Cette considération va bouleverser, par conséquent, notre système de pensée, par conséquent nos rapports avec eux, et forcément notre mode de vie. Notre intelligence morale le réclame. C’est pourquoi l’heure est venue de nous interroger comme nous allons le faire à travers ces évènements. Dès lors que nous sommes prêts à inclure les animaux dans nos questionnements moraux, il n’est plus possible qu’en France, l’animal soit encore considéré comme un chose dans note Code civil.

*Ethologue et neuropsychiatre. Membre du Conseil scientifique du groupe de réflexion Ecolo-Ethik. La Journée mondiale des animaux s’est tenue le 04 octobre dernier.

Crédit photo : Le Monde

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