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Vivons nos temps
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6 octobre 2011

Steve Jobs : disparition d’un symbole de notre temps

J’ai écouté, très attentivement, le discours de Steve Jobs à sa sortie de l’hôpital, suite à son opération d’un cancer du pancréas. Une fort belle leçon d’optimisme, une fort belle leçon de vie.

Ce que j’en retiens, c’est qu’une conscience et une morale, totalement nouvelles, sont indispensables à l’avènement d’un changement radical au sein de la culture et des structures sociales actuelles. C’est une évidence, pourtant ni la gauche ni la droite, ni les mouvances révolutionnaires n’ont l’air de s’en inquiéter. Les dogmes, les formules, les idéologies, qu’elle qu’en soit la nature, font partie de notre vieille conscience passée ; ce sont des élaborations d’une pensée qui fonctionne de manière fragmentaire – en politique, la droite, la gauche et le centre en sont l’illustration. Cette activité parcellaire entraîne inévitablement des effusions de sang orchestrées soit par la droite, soit par la gauche, ou bien elle mène au totalitarisme. Telle est la situation dont nous sommes témoins. Nous voyons la nécessité d’un changement sur les plans social, économique et moral, mais les réponses émanent de cette vieille conscience qui laisse à la pensée le rôle principal. Le désordre, la confusion et la détresse qui sont le lot de l’humanité font parties du paysage de cette vieille conscience, et faute d’y apporter de profonds changements, toute activité humaine – qu’elle soit d’ordre politique, économique ou religieuse – ne nous poussera qu’à une destruction réciproque et à l’anéantissement de la planète. C’est l’évidence même pour tout être sensé.

Il faut être à soi-même sa propre lumière. Cette lumière est la seule et unique loi : il n’en existe pas d’autre. Toutes les autres lois émanent de la pensée et sont donc fragmentaires et contradictoires. Etre à soi sa propre lumière c’est refuser de suivre la lumière d’un autre, si raisonnable, si logique, si exceptionnel, si convaincant soit-il. On ne peut pas être dans sa propre lumière si l’on est plongé dans les ténèbres de l’autorité, des dogmes, des conclusions hâtives. La morale n’est pas une émanation de la pensée, ni l’effet de la pression exercée par le milieu ambiant, elle ne relève ni du passé ni de la tradition. La morale est enfant de l’amour, et l’amour n’est ni le plaisir ni le désir. La jouissance, sensuelle ou sexuelle, n’est pas l’amour.

Etre à soi-même sa propre lumière : là est la vraie liberté – et cette liberté n’est pas une abstraction, elle n’est pas le fruit de la pensée. Etre authentiquement libre, c’est être affranchi(e) de toute dépendance, de tout attachement, de toute soif d’expérience. Etre à soi-même sa propre lumière, c’est s’être dégagé des structures même de la pensée. Au sein de cette lumière, il n’y a place que pour l’agir, de sorte que jamais l’action ne peut être contradictoire. La contradiction n’existe que lorsque cette lumière est dissociée de l’action.

La lumière – rien d’autre ne compte que la lumière. Voilà ce qu’est l’amour (1).

En conclusion, je cite ici un passage du dernier et très beau roman de Yasmina Khadra L’équation africaine (2) :

« Comment peut-on se croire indigne de survivre à l’échec lorsque l’échec n’est qu’un incident de parcours censé nous aguerrir ? Comment peut-on croire oser se situer en deçà de ses ambitions et penser, une seule seconde, qu’il existe un objectif plus fort que l’amour, plus important que sa propre vie ? Que de questions biaisées qui s’évertuent à nous dévier de la seule réponse qui importe : nous-mêmes. Depuis les temps reculés, se méfiant de ce qui ne le fait pas souffrir, l’Homme court après son ombre et cherche ailleurs ce qui est à portée de sa main, persuadé qu’aucune rédemption n’est possible sans martyre, que le revers est un déni de soi, alors que sa vocation première réside dans sa faculté de rebondir. Ah l’Homme, ce prodige réfractaire à ses chances et fasciné par l’échafaud de ses vanités, sans cesse écartelé entre ce qu’il croit être et ce qu’il voudrait être, oubliant que la plus saine façon d’exister est de demeurer soi-même, tout simplement ». 

(1) Cette lumière en nous, de Krisnamurti (1895 – 1986)

(2) L’équation africaine, de Yamina Khadra, éd. Robert Laffont, août 2011

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