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23 août 2011

Histoire d’une femme de chambre ou la victoire (encore une) du storytelling

costume_femme_de_menage_37055248 Affaire DSK, prologue.

 

Rappel : le storytelling est un instrument de dépolitisation idéal. Mona Chollet nous l’explique dans son ouvrage « Rêves de droite »paru aux éditions Zones en 2008.

 

« Chacun aura sa chance », clamait le nouveau président à peine élu. Le thème récurrent sur lequel tous les médias ne cessent de broder d’infinies variations, et auquel nos cerveaux, de gauche comme de droite, ont développé une accoutumance pavlovienne, c’est celui de la success story. Success story du gagnant du Loto. Success story du petite entrepreneur « parti de rien » ou de la fringante bande de jeunes qui a créé sa start up « dans son garage ». Success story du vainqueur de la Star Ac, des acteurs, des mannequins, auxquels on fait raconter en long et en large comment ils ont été « découverts »., comment ils vivent leurs soudaines célébrité et aisance financière. Toutes ces histoires dont on bombarde une population harassée par la précarité et l’angoisse du lendemain, véhiculent un seul message : pourquoi vouloir changer les choses ou se soucier d’égalité, si, à n’importe quel moment, un coup de chance, ou vos efforts acharnés, ou une combinaison des deux peuvent vous propulser hors de ce merdier où festoie la jet-set ? Bienvenue dan la société-casino !

 

Et c’est bien cela qu’est en train de vivre l’actrice principale de l’affaire DSK. Une femme de ménage, noire, agressée sexuellement, mais dont la plainte est classée sans fondement et qui va obtenir un pactole en guise de dommages et intérêts. Plus le film qu’Hollywood ne manquera pas de réaliser dans la foulée. Quand même, on ne m’empêchera pas de penser l’amoralité de l’affaire, ou plutôt de ses suites. Est-ce qu’une femme (de ménage ?), pour subvenir à ses besoins physiologiques devra accepter d’être violée pour obtenir de quoi vivre jusqu’à la fin de ses jours ? Sauf que les DSK ne pullulent pas. Et que ceux qui existent risquent fort d’être « chassés ». Holà, ne voilà pas ici une niche de marché au détriment (encore) de la personne humaine, la femme en l’occurrence ? Non, j’extrapole, le système n’est pas si pervers. Si ?

 

A propos de l’indemnisation, en négociation en ce moment, de cette femme de ménage, je me permets de vous rappeler le film de Steven Soderbergh « Erin Brockovich, seule contre tous », à l’impact d’autant plus fort qu’il s’inspire d’un fait réel, où une jeune femme, employée comme secrétaire dans un cabinet d’avocat minable, découvre par hasard un scandale écologique. Les dommages et intérêts obtenus par les victimes (333 millions de dollars) furent dépensés, dix ans plus tard en quasi totalité. Et qu’une femme de ménage n’est pas un trader de Wall Street, il y a donc fort à parier que les tenants du pouvoir ne lui fassent payer cher le fait de s’être attaqué à eux.

 

A lire : Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, de Christian Salmon, éditions La découverte, 2008

          Rêves de droite, de Mona Cholet, éditions Zones, 2008

 

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