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3 juin 2011

Les valeurs féminines ? Une arnaque.

Aujourd’hui, je vous propose l’essai de Valérie Toranian, déjà publié chez Grasset, mais toujours d’une grande acuité. Valérie Toranian est directrice de la rédaction de Elle. Cet ouvrage est son premier livre, et il s’adresse à toutes celles que le féminisme ennuie. Extrait :

« Jamais la société n’a autant valorisé et glorifié les « valeurs » féminines. Le féminin n’est pas seulement moderne, il est la modernité. Tellement plus subtil que le masculin, tellement moins archaïque. La femme, c’est autre chose. Positive, compréhensive, courageuse, concernée par la vie puisqu’elle la donne. Ouverte au dialogue, peu encombrée par son ego, dans la compassion, le souci des autres, réaliste, pragmatique… N’en jetez plus ! La vertu pèse des tonnes sur nos épaules, mais pas grand-chose dans la balance. On est ailleurs. Singulières, particulières, formidables. Mais souvent hors jeu. Plutôt abonnées aux prix spéciaux qu’aux palmes d’or. La société, si fière de nous avoir accordé nos droits, nous assure qu’elle est déterminée à tourner le dos aux siècles de domination masculine, et nous tend les bras. Pourquoi ne pas se laisser faire ? Pourquoi ne pas croire en ce monde meilleur, réenchanté aux couleurs du féminin ? Parce que c’est un jeu de dupes. Parce qu’y croire c’est se reconnaître une fois de plus dans un destin modelé sur notre essence, et pour des siècles des siècles. Le message est toujours le même : rien n’égale cette nature féminine, rien n’égale cette chance de pouvoir donner la vie ; et d’ailleurs les femmes sont les premières à revendiquer cette expérience bouleversante de la maternité. Nous sommes tous et toutes d’accord, là est l’essentiel, le sel de l’existence. Quoi de neuf chez les femmes ? Rien. Bien sûr, on trouve formidable qu’on fasse des études, qu’on travaille, qu’on ait de l’ambition. Mais puisque nous avons le rôle et le pouvoir d’élever les enfants, et que chacun sait combien nous sommes attachées à leur avenir, on compte sur nous.

On compte sur nous pour l’initiation à Mozart in utero. On compte sur nous pour l’allaitement à la demande, les voitures à airbags, les céréales croissance plus. On compte sur nous pour les gélules d’oméga 3, le cartable à roulette, les cours particuliers, les traitements préventifs pour les dents, les pieds plats, le manque d’estime de soi. On compte sur nous pour voter Vert parce qu’évidemment on est plus conscientes que les hommes des pics de pollution, des bronchiolites foudroyantes, des cancers dus à l’environnement. On compte sur nous pour être matures et ne pas foncer aux urgences pour le moindre bobo, parce que, halte-là, la société n’a plus les moyens de payer, d’ailleurs madame, c’est pas votre enfant qu’il faudrait soigner c’est vous, vous êtes tellement angoissée que vous êtes toxique. On compte sur nous pour restaurer l’autorité du père, de la mère, du prof, du policier. On compte sur nous pour former l’élite, parce qu’il n’y a pas de secret, vous savez, ce sont toujours les enfants dont les mères surveillent elles-mêmes le travail scolaire, qui réussissent le mieux à l’école. On compte sur nous pour ne pas en faire des obèses et leur préparer des repas équilibrés avec 5 fruits et légumes chaque jour. On compte sur nous pour tout gérer avec le sourire parce qu’après tout c’est bien nous qui avons voulu travailler, non ? On compte sur nous pour aller vomir nos angoisses trois fois par semaine sur un divan, du moment que ce n’est pas remboursé, c’est notre problème. On compte sur nous pour montrer l’exemple, être dans l’harmonie et l’équilibre, être présente et investie pour que nos enfants aient un bon modèle sous les yeux et pas une mère culpabilisée et épuisée sinon comment voulez-vous qu’ils s’épanouissent ? Tout ça n’est pas une plaisanterie… Fin du message ».

Pour en finir avec la femme, de Valérie Toranian, chez Grasset

 

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