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Vivons nos temps
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23 février 2011

Combattre le mal

En ces temps de dramatiques bouleversements sociaux, mon édito d’aujourd’hui sera consacré à, il faut le souhaiter, la disparition des dictatures arabes, objet de l’actualité présente, et dans un sens plus général, de toutes les dictatures.

Et si nous profitions de ces révoltes pour combattre, nous aussi, le mal ?

Le philosophe Paul Ricoeur, trop tôt disparu, à propos du mal justement, définit un modus operandi : « …pour l'action, le mal est avant tout ce qui ne devrait pas être, mais doit être combattu. En ce sens, l'action renverse l'orientation du regard. Sous l'emprise du mythe, la pensée spéculative est tirée en arrière vers l'origine : « D'où vient le mal ? », demande-t-elle. La réponse - non la solution - de l'action, c'est: « Que faire contre le mal ? » Le regard est ainsi tourné vers l'avenir, par l'idée d'une tâche à accomplir, qui réplique à celle d'une origine à découvrir.

Que l'on ne croie pas qu'en mettant l'accent sur la lutte pratique contre le mal on perde de vue une fois de plus la souffrance. Bien au contraire. Tout mal commis par l'un, nous l'avons vu, est mal subi par l'autre. Faire le mal, c'est faire souffrir autrui. La violence ne cesse de refaire l'unité entre mal moral et souffrance. Dès lors, toute action, éthique ou politique, qui diminue la quantité de violence, exercée par les hommes les uns contre les autres diminue le taux de souffrance dans le monde. Que l'on soustraie la souffrance infligée aux hommes par les hommes et on verra ce qui restera de souffrance dans le monde ; à vrai dire, nous ne le savons pas, tant la violence imprègne la souffrance.

Cette réponse pratique n'est pas sans effet au plan spéculatif : avant d'accuser Dieu ou de spéculer sur une origine démoniaque du mal en Dieu même, agissons éthiquement et politiquement contre le mal *».

Encore trop de conflits sur notre planète, trop d’âmes en peine, endeuillées, trop de malheurs encore à éradiquer. Courbes de croissance et de bien-être n’évoluent plus ensemble depuis longtemps. Un indicateur comme le PIB donne une vision économique tronquée de la richesse. Lorsque les liens entre objectifs économiques, sociaux et environnementaux ne sont plus évidents, il devient nécessaire de rechercher d’autres manières d’évaluer la richesse des sociétés. On parle aujourd’hui de quotient du bonheur !

En nos temps actuellement troublés, n’avons-nous pas un message amoureux à communiquer ? Un message qui soit capable de refléter ce qui est vraiment et non ce qui nous sépare, ce qui nous fait demeurer dans l’illusion d’être des corps séparés, cette illusion si terrible dont nous mourrons en cours d’existence !

Christiane Singer aimait à dire cela : « ce qui nous met vraiment dans la résonance de l’autre ne nous lassons pas de le croire, c’est l’amour. L’amour ne rend pas aveugle, il rend visionnaire. L’amour essuie la pruine du fruit, dissout la brume et fait voir, derrière les apparences, la perfection du projet divin que chacun d’entre nous incarne sans le savoir. Ce que l’amour me permet de voir, c’est l’accomplissement de ce qui est en devenir, une sorte d’avance, sans intérêts, une sorte d’acompte sur l’héritage de lumière de celle que j’aime, de ceux que j’aime ».

Dans ce bris du lien social, comment ne pas voir en cette destruction, un fléau caché sous la parure de la banalité ? Et que ce fléau appelle la question que pose, encore, Christiane Singer : quelle est ma part dans ce marasme, dans cette lâcheté, ou plutôt quelle est ma forme de lâcheté dans cette banalisation de la dégradation de ce lien social, de ce lien humain ?

Ecoutons et lisons, mieux, relisons le petit opuscule de Stéphane Hessel « Indignez-vous », c’est le meilleur mot de clôture de mon édito de ce jour ! Je vous souhaite une belle journée !

 

*Le mal : un défi à la philosophie et à la théologie, in Lectures 3

Paul Ricoeur est né en 1913 à Valence. Il a écrit entre autres Philosophie de la volonté, le Conflit des interprétations, des Essais sur Freud.

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